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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0074

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

à se laisser comprendre clans les cadres et à se fondre dans l'unité d'un
vaste et puissant État; elles résistent à ce qui leur semble une dé-
chéance, et c'est ainsi que les petites patries, trop tendrement aimées,
empêchent souvent les grandes de se former. Dans l'ordre des con-
ceptions religieuses, ce régime a de semblables effets. Chez un peuple
où ces habitudes ont prévalu, chaque ville a ses dieux, qui s'excluent
ou qui tout au moins se limitent les uns les autres; il faut une réunion
de circonstances tout exceptionnelles pour que tel ou tel de ces dieux

locaux puisse briser ce moule trop étroit et
devenir, en s'élargissant par degrés, un dieu
national, voire même, avec le temps, ce que
l'on peut appeler un dieu humain ; nous
entendons par là un dieu d'un caractère assez
relevé et assez abstrait pour que partout on
puisse y reconnaître un des aspects sous
lesquels se présente et se révèle à l'esprit
de l'homme cette sagesse et cette puissance
infinie qu'il adore sous tant de noms diffé-
rents.

C'est ce qui arriva chez les Grecs; là aussi
la notion d'État et celle de cité se confon-
daient, et cependant, de très bonne heure, la
conscience et la pensée de celte noble race
ont enfanté des dieux qui, par la généralité et
par la valeur morale de l'idée qu'ils expri-
maient, s'élevaient bien au-dessus du rôle de
protecteurs particuliers d'une ville ou crime
h'ibu quelconque; tels ont été un Zens, père des hommes et des dieux,
un Apollon, une Pallas Afhéné. C'est que la Grèce, malgré ses divisions
politiques, a su se donner une unité supérieure, une unité spirituelle
que n'a jamais connue la Phénicie. La Grèce a eu de grands poètes,
un Hésiode et surtout un Homère, que tous ses fils savaient par cœur;
elle a eu des fêtes comme celles de Delphes ou cl'Olympie, où, pendant
quelques jours au moins, tous les Hellènes se sentaient frères, où
toutes les âmes s'unissaient dans des émotions et clans des joies com-
munes; elle a eu l'art qui, voulant être partout compris, prêtait à ses
principaux types des traits dont les lignes maîtresses restaient constam-
ment les mêmes pour chacun des habitants de l'Olympe. La Phénicie
n'a pas été aussi bien partagée ; les mêmes forces ne s'y sont pas

20. — Astarté. Terre cuite
de Phénicie. Louvre.
 
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