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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0091

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L'ÉCRITURE PHÉNICIENNE. 81

le temps où elle n'était qu'une représentation des objets, qu'un pur
dessin. Quant à l'écriture hiéroglyphique, elle n'a jamais perdu ce
caractère. Telle particularité du faire des sculpteurs égyptiens nous
a même paru pouvoir s'expliquer, dans une certaine mesure, par les
habitudes que la main du scribe avait contractées en traçant ces
images sommaires qu'elle prodiguait sur le papyrus, sur le bois et
sur la pierre l.

Rien de pareil en Phénicie. Aucune trace d'un temps où ce peuple,
pour noter ses pensées, se soit servi d'une écriture idéographique;
c'est en inventant l'alphabet que les Phéniciens ont appris à écrire.
Personne aujourd'hui ne croit qu'ils l'aient fabriqué de toutes pièces:
mais on s'est demandé si c'est de l'écriture cunéiforme ou de l'écri-
ture égyptienne qu'ils ont tiré les signes auxquels ils ont attribué des
valeurs phonétiques 2. La plupart des savants qui ont étudié récem-
ment la question inclinent à croire, avec M. de Rougé, que l'emprunt
a été fait plutôt à l'Egypte, et qu'il l'a été vers le-temps où une popu-
lation apparentée aux Phéniciens, les Hycsos de Manélhon, dominait
dans la vallée du Nil ou tout au moins dans le Delta '. Ce qui est cer-
tain, c'est que l'antiquité tout entière s'accorde à faire honneur aux
Phéniciens du progrès ainsi réalisé ; son opinion se résume dans deux
vers célèbres de Lucain :

Phœnices primî, famée si creditur, ausi
Mansuram rudibus vocem signare figuris \

1. Histoire de l'Art, t. 1, pp. 763-76b.

2. M. Deeke a encore cherché dernièrement dans l'écriture assyrienne l'origine de l'al-
phabet cunéiforme (Der Ùrsprung des dltsemitiscken Alphabet* mis der AssyHschm Keil-
schrift, dans la Zeitschrift der deutschenmorgenlœendischen Gresellschaft, 1877, pp. 102-I5i .
Comme le fait remarquer M. Ph. Berger, la théorie de M. Decke, qui ne parait pas avoir
d'ailleurs trouvé d'écho, a pour elle une autorité que l'érudit allemand n'a pas songé a
invoquer, c'est celle de Pline. « Pour moi, dit celui-ci, je persiste à croire que l'alphabet
est d'origine assyrienne, Literas semper arbitror assyrias fuisse. » 11 ajoute, il est vrai :
<( Sed alii apud /Egyptios a Mercurio, ut Gellius, alii apud Syros repertas volunt. » (ffist.
Nat. I, 412.)

3. Le travail de M. de Rougé, lu en 1859 devant l'Académie, n'a été publié qu'en
1874, sous ce titre : Mémoire sur l'origine égyptienne de l'alphabet' phénicien. Pour toutes
ces questions délicates et difficiles, nous renverrons surtout à l'ouvrage malheureuse-
ment inachevé de M. Fit. Lenormant, à VEssai sur la propagation de l'alphabet phénicien
dans l'ancien monde; le tome premier seul a paru (1 vol. gr. in-8°, Maisonneuve, 1872 .
On consultera aussi avec grand profit l'article que M. Ph. Berger a donné à l'Encyclopé-
die des sciences religieuses sous ce titre : l'Écriture et les inscriptions sémitiques (1880). li
est plus récent, et l'auteur a pu tirer parti des travaux entrepris et des textes recueillis
pour la [(réparation du Corpus inscriptionwn semiticarum. Voir enfin l'article Alphabet, de
M. Fr. Lenormant, dans le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines.

4. Lucain, Pharsale, III, v. 220-222. De même Pline : Ipsa gens Phœnicum in magna

tome ni. '1
 
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