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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0102

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

blocs on moellons. Il est permis de dire que, depuis quinze ou seize
cents ans, on n'a extrait en Syrie que bien peu de pierres de la car-
rière. On a toujours vécu des blocs antiques; nulle part la pierre n'a
été aussi broyée. L'effet des croisades surtout fut désastreux à cet
égard. Amenés à s'entourer de gigantesques murailles de pierre, les
templiers, les hospitaliers, l'ordre teutonique, la puissante féodalité
de Syrie dévorèrent tous les monuments autour d'eux, et, comme ils
bâtissaient bien, comme la plupart des pierres, avant d'être employées,
étaient retaillées, les traces primitives furent déplorablement oblité-
rées. Voilà la raison de cette dévastation archéologique que présente
la côte de Syrie et de Cypre...

« La situation de la Phénicie a beaucoup contribué à la dévasta-
tion de ses antiquités. Des monuments placés sur le bord de la mer
ont bien plus de chances d'être démolis que des monuments situés
dans des endroits peu accessibles, surtout quand il s'agit d'un pays
comme la Syrie, privé de routes, de véhicules, et où tout ce qui
dépasse les forces d'un chameau est intransportable. On amène la
barque à pied d'oeuvre et on enlève les pierres avec une grande
facilité. C'est ainsi que l'Ephèse païenne (distincte de l'Ephèse chré-
tienne ou Aïa-Solouk) a servi de carrière de marbre pour les édifices
de Constantinople. Les constructions de Djezzar, d'Abdallah-Pacha,
de l'émir Beschir, plus anciennement celles de Fakhreddin, ont eu un
effet analogue en Syrie. De nos jours, Athlith disparaît rapidement
par suite de la même cause...

« Les réactions religieuses ne furent pas, en Syrie, moins funestes
aux monuments. Le christianisme , qui se montra en Grèce si peu
dévastateur des ouvrages antiques, fut dans le Liban éminemment
démolisseur1. L'islamisme ne le fut pas moins, surtout pour les
sculptures. La race du Liban, soit chrétienne, soit musulmane, est,
si j'ose le dire, iconoclaste et inintelligente de l'art; elle n'a nul
sens de l'image plastique; son premier mouvement est de la briser...
Enfin, l'avidité des gens du pays a amené d'énormes destructions.
Pour*voler les objets précieux contenus dans les tombeaux, on a cassé
les inscriptions; toute sépulture susceptible d'être aperçue a été mise
en pièces... L'anarchie du pays, le manque de tout contrôle public ont
contribué au même résultat... Quand on s'est bien rendu compte de

1. Voir les l'ai!s cités dans la Mission de Phénicie, pp. 220, 287, et le récit des missions
destructives de saint, Jean Ghrysostome, tel que M. Amédée Thierry l'a présenté dans la
Revue des Deux Monde* du 1er janvier 1870, pp. 52 et suivantes.
 
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