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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0300

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

entrée dans la coalition des villes associées à la révolte de l'Ionie ;
quand on apprit que Darius, servi par la flotte phénicienne, faisait
passer dans l'île des forces considérables, on aurait pris peur, et, en
prévision d'un siège et de son issue fatale, on se serait décidé à mettre
ainsi les trésors du dieu à l'abri de toute profanation. A ce moment
oji ne prévoyait pas encore que le roi de Gurium, Stésénor, achèterait
son pardon et celui de ses sujets en trahissant sur le champ de bataille.
Une première difficulté, c'est que, clans cette hypothèse, on ne com-
prendrait pas comment, sauvés du siège et du pillage par la lâcheté de
leur prince, les prêtres n'ont pas ensuite pris la peine de vider la
crypte et de tout remettre en place. Pour que tant d'objets précieux
soient ainsi restés à l'abandon, il faut, semble-t-il, que la ville ait été
prise et saccagée, que les gardiens du temple aient péri, qu'aucun de
ceux qui avaient le secret de la cachette et de son entrée n'ait sur-
vécu. Or, ce qu'Hérodote nous apprend du rôle que joua Gurium dans
cette guerre ne nous autorise point à penser que de pareils désastres
aient alors fondu sur cette ville, dont le chef rendit au satrape de
Darius un service signalé. D'autre part, parmi les intailles que l'on
nous donne comme ayant été trouvées avec les autres dans le sou-
terrain, il en est quelques-unes où j'inclinerais à voir plutôt des
ouvrages du cinquième que des ouvrages du sixième siècle ; il n'y a là
presque plus trace d'archaïsme ; le nu y est traité avec beaucoup
d'aisance et de souplesse ; la nudité féminine s'y présente dans des
poses qui indiquent une grande habitude de ces sortes de sujets1.
Puisque nous sommes ici dans le domaine de la conjecture, pourquoi
ne supposerions-nous pas que la trahison de Stésénor suscita, parmi
les Grecs de l'île et surtout à Salamine, des rancunes et des haines qui
trouvèrent à se satisfaire quand, vers le milieu du cinquième siècle,
Cimon parut avec sa flotte victorieuse sur les côtes de l'île et fut
pendant quelque temps maître de la mer dans ses parages? Ce serait
alors que, peut-être avec l'aide des Athéniens, Gurium aurait été
assiégée, emportée d'assaut et dépeuplée par ses voisins, qui ne lui
auraient pas pardonné la défection de son prince et la défaite d'Ama-
thonte, amenée par cette trahison. La collection renferme même une

1. M. King, dans son essai de catalogue des pierres gravées et autres intailles du tré-
sor de Gurium, est d'avis que la série qu'il cherche à établir va « des débuts mêmes de
la glyptique au commencement du cinquième siècle avant notre ère » (Cesnola, Cyprus,
p. 354). A ce point de vue on remarquera particulièrement les intailles qui portent les
numéros suivants dans les planches du livre de Cesnola : Pl. XXXIX, 5, 6, 7, 8; pl. XL,
12 et 13.
 
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