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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0472

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462

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

le fût paraît carré ; il sort d'un bouquet de feuilles qui ressemblent
à celles de l'acanthe. Ce fût, strié de profondes cannelures dans sa
partie inférieure, se termine par le buste d'une femme qui, coiffée à
l'égyptienne, supporte, de ses deux bras repliés devant la poitrine, le
disque et le croissant lunaires; sur sa tête, un globe serré entre deux
cornes ou, si l'on veut, entre les deux pointes d'un croissant.

La composition de cette colonne est heureuse et savante; les
feuilles d'acanthe y fournissent une transition bien trouvée entre les
rondeurs de la base et la section quadrangulaire du fût. Par un artifice
du même genre, les sillons verticaux expliquent et préparent le motif
supérieur. Sont-ce des cannelures, sont-ce les plis symétriques et
creux d'une longue robe qui, serrée à la taille par une ceinture, laisse
le buste nu? L'esprit peut hésiter entre ces deux interprétations et,
dans cette indécision même, il y a une sorte d'agrément. La souplesse
de la forme vivante se trouve ainsi très bien reliée à la rigidité des
formes abstraites de l'architecture; le passage est plus habilement
ménagé que dans une autre colonne figurée sur une stèle de Cartilage,
où ce même buste de femme surmonte un chapiteau ionique (fîg. 16).

L'entablement n'est pas moins digne d'attention. Comme archi-
trave, il y a un bandeau décoré de fleurs et de boutons de lotus.
La frise est remplie tout entière par un large globe ailé, accosté
d'uraeus. Au-dessus, une corniche très saillante, composée d'une
rangée d'uraeus vus de face et dont la tête soutient le disque entouré
d'un anneau. Au-dessus encore, un dernier membre que l'usure de la
pierre rend assez difficile à définir; on croit pourtant distinguer sur
la pierre une suite de rosaces. La stèle est cassée par en haut; elle
devait avoir pour couronnement un petit fronton triangulaire.

Cet ensemble a une physionomie égyptienne très nettement carac-
térisée. L'entablement ne renferme pas un motif que l'Egypte n'ait pu
fournir et l'idée de la partie haute de la colonne a certainement été
suggérée par le chapiteau hathorique. Cependant l'architecte, tout
en tirant parti de ces modèles, a gardé sa liberté. Là où l'Egypte
superpose seulement au fût une tête féminine, il a mis tout un torse;
c'est peut-être à un monument grec qu'il a emprunté le bouquet
d'acanthe, et sa base a une bien autre ampleur que celle de la colonne
égyptienne qui ne comporte qu'un coussinet circulaire. Par ce mélange
d'éléments divers et cette prédominance de l'élément égyptien, par
l'imprévu de certains traits, cette colonne fait honneur à l'artiste
phénicien; c'est un des ouvrages où l'on saisit mieux le caractère très
 
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