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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0490

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LA PHENIGIE ET SES DEPENDANCES.

ou bien elle se borde d'une frange de sol uni et fertile; là se trouvent
les meilleurs mouillages, les plages dont l'accès est le plus facile et le
moins dangereux. L'île avait sa façade, si l'on peut s'exprimer ainsi,
tournée du côté de la Syrie ; c'est par là qu'elle prenait jour sur le
continent voisin. Ses relations devaient donc être plus aisées et plus
intimes avec la Syrie qu'avec l'Asie Mineure ; elle était prédestinée à
recevoir des cités syriennes ses premiers habitants, les premières
semences de la civilisation. La principale ville maritime de l'île, c'est
aujourd'hui Larnaca, qui touche aux ruines de l'antique Rition; de ce
point on compte douze heures de bateau à vapeur jusqu'à Alexan-
drette, le meilleur port de toute la Syrie, et sept seulement jusqu'à
Tripoli. Pour faire ce dernier trajet, une barque à voile ne met guère,
quand elle a bon vent, plus de vingt-quatre heures, et jamais elle ne
perd la terre de vue. Des navigateurs comme les Phéniciens, de bonne
heure enhardis à des courses bien autrement lointaines et dangereuses,
devaient regarder cette traversée comme un jeu d'enfant.

L'île a une forme très particulière. Les anciens la comparaient à
une toison étendue sur le sol ; mais ils se faisaient souvent une idée
fort inexacte des dimensions et de la figure des pays qu'ils connais-
saient le mieux. L'image dont se sert un voyageur allemand, M. von
Loeher, pour définir celte même forme est plus triviale, mais elle est
bien autrement juste : on s'en convaincra par le moindre coup d'œil
jeté sur la carte. « Cypre, clit-il, ressemble à un jambon dont l'os ou
le manche serait représenté par cette étroite et longue saillie de la
chaîne septentrionale qui vient finir au cap Saint-André1. » En tout cas,
ce qu'il importe ici de saisir et de marquer, ce n'est pas tant le dessin
plus ou moins bizarre du contour extérieur que la nature du terrain
compris dans ce périmètre et la manière dont s'y répartissent les
cours d'eau, les plaines et les montagnes.

A ce point de vue, l'île se partage en trois régions d'étendue et de
richesse inégale, mais dont les caractères sont bien tranchés. Au centre
s'ouvre une grande plaine, dont le nom même, Mesoria (au milieu des
montagnes), indique la situation. Les eaux qui l'arrosent vont, les unes
vers l'est, au golfe de Salamine, les autres vers l'ouest, à celui où
s'élevait jadis Soloi. La plaine est ainsi formée de deux bassins adossés
l'un à l'autre et dirigés en sens contraire; le principal, celui de l'an-
cien Pedieeos, aujourd'hui Pidias, regarde l'Orient. Cette plaine tra-

1. Vox Loeher, Cypern, Reiseberichte nach Natur und Landschaft, Volk und Geschichte,
\ vol. in-8°, Stuttgart, 1878.
 
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