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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0581

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LES FIGURES DE DIVINITES. 571

sur une tête d'homme, l'épaisse chevelure eu forme de crinière, la
large barbe tombant sur la poirîne; Héa-Bani et Izdubar terrassaient
le lion et le taureau sauvage. Une telle représentation a pu concourir,
avec celle du Bes égyptien, à suggérer l'idée de ce chasseur robuste
que nous avons rencontré sur les scarabées phéniciens (lîg. 283 et 284).
C'est là le point de départ, le prototype sur lequel se sont exercés
les sculpteurs cypriotes. L'art hellénique reprendra cette idée; il la
revêtira d'une forme plus simple et plus belle. Cette forme supérieure,
nous ne prétendons pas la trouver encore dans le colosse d'Amathonte;
mais nous l'y pressentons et nous l'y devinons.

L'image de son Hercule, le génie grec ne l'a donc pas composée de
toutes pièces; il a emprunté à des créations antérieures les éléments
qu'il y a fait entrer, mais il en a changé la distribution et modifié le
caractère. Ainsi, le sculpteur asiatique, pour suggérer à l'esprit l'idée
d'une puissance irrésistible, avait fait un grand usage de la figure du
lion, de cet animal redoutable auquel ses rois donnaient la cliasse
dans les marais de l'Euphrate et dans les grandes herbes du désert.
Voulait-il figurer un dieu ou un héros d'une force singulière, il se
contentait souvent d'en faire le vainqueur du lion; il lui donnait le
lion pour monture ou il montrait l'animal agonisant et râlant sous la
mortelle étreinte du bras qui le serrait à la gorge. C'était un signe
compris de tous; mais ce n'était qu'un signe, une sorte d'hiéroglyphe.
L'art grec, dès qu'il s'essaya sur ce thème, eut une autre ambition;
il voulut rendre sensible à l'œil la vigueur de ce corps divin et, si
l'on peut ainsi parler, faire toucher du doigt ces muscles surhumains.
L'art chaldéen avait bien entrevu le but à poursuivre; il avait eu
quelque chose de cette pensée quand il avait montré son Héa-Bani et
son Izdubar, étalant seuls leur nudité puissante au milieu d'un monde
sur lequel pèsent la tyrannie et l'uniformité du vêtement; mais,
accoutumé à ne mettre en scène que des corps cachés sous la draperie,
il n'avait rendu son idée que d'une manière très imparfaite et,
semble-t-il, seulement dans de très petites figures, telles que peut les
produire la glyptique. L'Egypte, de son côté, avait créé le type de
Bes; mais elle ne l'avait pas non plus approprié aux conditions de la
grande sculpture; les épreuves qu'elle en avait tirées par milliers et
répandues dans toute la Méditerranée orientale ne dépassaient pas
la taille de la figurine légère et portative. C'était à la Grèce qu'il était
réservé de donner à ce type assez de noblesse pour qu'il pût se
hausser aux dimensions de la statue et même du colosse. Héa-Bani,
 
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