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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0580

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LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

maîtresse des âmes pour avoir à y craindre la concurrence du dieu
llirace ; sur ce terrain, il n'y avait vraiment pas place à la fois pour
deux de ces cultes orgiaques qui troublent les sens et qui exaltent
l'imagination.

Silène ainsi mis hors de cause, est-ce donc Bes que nous devons
reconnaître ici? Mais Bes n'est lui-même chasseur et tueur de lions
que par exception, et, de plus, il ne semble pas que la grande
sculpture se soit jamais emparée de ce type; celui-ci, par son caractère
grotesque, s'accommodait mieux des dimensions de la figurine. Enfin,
si dans l'expression du visage et dans ce que l'on peut appeler la
physionomie du corps, il y a encore ici quelque chose de difforme et
presque de bestial, ce personnage n'est pourtant plus tout à fait celui
que nous connaissions pour l'avoir tant de fois rencontré en Égypte
et en Syrie ; ce n'est plus le nain à la bouche grimaçante, au gros
ventre et aux jambes torses, duquel on ne saurait dire s'il est accroupi
ou debout (fig. 21 et 294). Dans ce colosse, le sculpteur a pris son
thème plus au sérieux; son personnage n'est plus le produit d'une
fantaisie qui se joue de la nature et qui la tourne au grotesque. La
tête et les épaules ont, il est vrai, quelque chose de démesuré; mais,
à cela près, les proportions de la figure sont justes ou du moins elles
se rapprochent davantage de la vérité que dans les portraits authen-
tiques de Bes; le rapport du buste et des membres inférieurs est moins
arbitraire. Ce que le sculpteur a voulu rendre ici, c'est évidemment
l'idée de la force, d'une force au repos qui, le moment venu, va
derechef se déployer et passer à l'acte.

Cette statue, malgré sa lourdeur et son étrangeté, a donc une
grande importance dans l'histoire de l'art; est-ce encore un dieu de
l'Orient, est-ce un portrait du fils d'Alcmène, de l'Héraklès des poètes
grecs? 11 est difficile de le dire. Ce qui est certain, c'est que l'Orient
avait eu l'idée du dieu terrible et bienfaisant qu'elle représente, du
grand dompteur de fauves, reclouté des monstres et clément pour les
hommes, qu'il protège contre les ennemis. Cette idée, l'art asiatique
l'avait traduite à sa manière ; en Chaldée, il l'avait exprimée par
l'image de ces héros que l'on appelle Izdubar et Héa-Bani, image qui,
reproduite sur les cylindres, a pu fournir aussi quelques traits aux
graveurs et aux sculpteurs phéniciens l. Ces images donnaient aussi
la nudité, les membres musculeux et puissants, les oreilles de l'animal

1. Histoire de l'Art, t. II, fig. 225, 332, 337.
 
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