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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0688

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678

LA PHÉN1CIE ET SES DÉPENDANCES.

objet a été présenté au Louvre, comme provenant de Corinthe, par un
marchand d'Athènes, qui fait le commerce des antiquités grecques, et
qui n'a pas de rapports ordinaires avec les régions plus éloignées de
l'Orient. Le vendeur ne soupçonnait même pas que le monument fût
de travail égyptien ou oriental. Il est donc au moins probable que cet
objet a été réellement trouvé en Grèce, où les antiques relations com-
merciales de Corinthe avec L'Orient suffisent pour en expliquer la pré-
sence.

« Pour expliquer ce curieux objet, on a donc à résoudre les dif-
ficultés suivantes : il s'agit d'un vase qui représente une des pièces
caractéristiques de l'armure des Hellènes, et qui appartient à un type
dont tous les autres exemples connus sont des ouvrages grecs ; cepen-
dant, ce monument est de style égyptien; il porte une inscription
égyptienne et, par une contradiction nouvelle, c'est de la Grèce qu'il
provient... Cependant, en voyant notre petite tête casquée, personne
ne doutera que le style n'en soit égyptien, aussi bien que l'inscription
hiéroglyphique qui la décore.

« Maintenant, le style égyptien est-il ici absolument pur? Sur ce
point seulement, le doute est permis. La gravure des hiéroglyphes
manque de netteté. Le graveur semble les avoir copiés sans bien con-
naître la valeur représentative des signes qu'il reproduisait. On ren-
contre celle écriture indécise sur toute une classe de scarabées,
d'objets d'ivoire ou de métal, qui sont généralement considérés comme
des imitations phéniciennes du style égyptien. Les griffons affrontés et
les rosaces qui ornent le casque appartiennent aussi à un système de
décoration qui vient de l'Asie plutôt que de l'Egypte. Enfin, le visage
du guerrier, bien qu'il soit d'un type égyptien aux yeux allongés, au
nez mince et très légèrement arqué, aux lèvres fortes, a un caractère
farouche et rude, qui n'est pas habituel dans les ouvrages fabriqués
par les artistes de la vallée du Nil. Ces considérations nous porteraient
à croire que le vase qui nous occupe est sorti des ateliers de la Phé-
nicie, mais qu'il est l'œuvre d'une école qui serrait de très près le style
de l'Egypte1. »

Nous ne nous arrêterons pas à examiner toutes les hypothèses qui

1. Heuzey, Sur un petit vase, pp. 147-151. Si nous avons reproduit celte description,
malgré son étendue, c'est qu'elle est une vraie leçon de critique; on ne saurait mieux
montrer par quelles observations de détail et par quelles comparaisons minutieuses on
peut essayer de distinguer les pastiches phéniciens de leurs prototypes égyptiens ou asia-
tiques. Si l'on n'arrive pas ainsi à une certitude absolue, on atteint du moins, dans bien
des cas. un haut degré de vraisemblance.
 
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