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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0689

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LA CÉRAMIQUE PHÉNICIENNE. 679

peuvent se présenter à l'esprit quand on cherche à se rendre compte
du véritable caractère de ce monument et à s'expliquer la pensée dont
il est l'expression. Voici la supposition qui, de toutes, paraît la plus
vraisemblable :

« Les Egyptiens, et aussi les Orientaux, aimaient à représenter,
dans la décoration des objets mobiliers qui servaient à leurs usages,
les types et les costumes des peuples étrangers et ennemis avec les-
quels ils se trouvaient en contact. Têtes de nègres, tôles de Sémites,
abondent sur les sièges, sur les vases, sur les ustensiles les plus variés
et jusque sur les sandales. Au septième siècle et au sixième, à l'époque
des rois de Sais, l'expansion des aventuriers et des mercenaires grecs
dans la Méditerranée orientale avait pris les proportions d'un grand
mouvement historique, d'un fait capital de la civilisation antique. Il
était naturel que l'art égypto-phénicien reproduisît leur image et
figurât ces « hommes de bronze » sous le masque guerrier qui avait
tant effrayé les populations du littoral. On s'explique aussi que le nom
du roi Apriès se trouve associé à la représentation, puisque c'était
grâce au concours des mercenaires qu'il avait subjugué une partie de la
Phénicie et battu les flottes phéniciennes. Il est vrai que le type du
guerrier n'est pas purement grec; mais cela pouvait venir de la dif-
ficulté qu'éprouvaient les artistes à se défaire des types de leur art1. »

Notre vase a-t-il été fabriqué sur la vue de quelques aryballes grecs,
de style très ancien, en forme de têtes casquées, ou bien est-il le pro-
totype des objets du même genre qui ont été trouvés en Grèce et en
Étrurie? Ce n'est pas ici le lieu de discuter cette question; une seule
observation suffira : si la tête casquée est figurée par la peinture sur
certains aryballes corinthiens qui paraissent plus anciens que notre
aryballe en terre émaillée, celui-ci, d'autre part, semble antérieur
aux aryballes grecs où cette même tête est modelée en relief; on
serait donc tenté d'en faire le point de départ de la série2.

Quoi qu'il en soit,ce qui surtout importait ici, c'était qu'un exemple
bien choisi et soigneusement étudié vînt donner une idée nette d'un
genre de poterie dont les échantillons ne sauraient manquer de se
multiplier, sans même qu'il soit besoin de fouilles nouvelles ; on fera
des découvertes dans les collections publiques et privées. Partout ail-
leurs qu'en Egypte, la couche superficielle a presque toujours été plus

1. M. Heuzey examine les différentes conjectures auxquelles ce vase peut donner lieu
(pp. 157-159); l'explication que nous présentons est celle qu'il préfère et qu'il adopte.

2. Heuzey, Sur un petit vase, pp. 159-160.
 
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