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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0717

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LA CÉRAMIQUE CYPRIOTE. 707

qui se compose de deux animaux affrontés que sépare l'arbre sacré.
En Chaldée, en Assyrie, en Phénicie même, le motif du milieu est
plus clairement écrit; les taureaux, lions ou sphinx qui l'accompa-
gnent et l'encadrent sont posés d'une manière aisée et naturelle; réels
ou factices, ces êtres gardent toujours une forme correcte et l'appa-
rence de la vie. Peut-on au contraire rien imaginer de plus gauche que
l'attitude ici prêtée à ces lourdes figures, qui semhlent se tenir sur
leurs pattes de derrière? On craint involontairement qu'elles n'écrasent
ces volutes, ces feuilles, ces fleurons sur lesquels s'appuient leurs pattes
de devant, qu'elles ne fassent tout crou-
ler sous leur poids. L'ouvrier cypriote
n'a pas compris à quelles conditions
l'artiste devait satisfaire pour tirer un
heureux parti de ce symbole ; il a gâté
ce thème par les changements qu'il y
a introduits si mal à propos.

Nous en dirons autant d'un autre
type que nous ont offert l'Egypte et
l'Assyrie, celui de l'oiseau à tête hu-
maine1 ; nous l'avons aussi trouvé, repro-
duit assez fidèlement, à Cypre, dans la
sculpture lapidaire (fig. 410). Il repa-
raît dans la céramique (fig. 519); mais
il s'y complique et s'y altère ; nous y
retrouvons bien la tête humaine, le
corps et les ailes de l'oiseau; mais à ce corps ont été ajoutées les pattes
d'un quadrupède. On obtient ainsi une forme singulière, disgracieuse
à l'œil et obscure pour l'esprit. Celle qu'avait imaginée l'Egypte étail
loin d'avoir rien de déplaisant, si bien que la Grèce l'a conservée pour
ses Sirènes; elle répondait de plus à une idée facile à saisir. En adop-
tant cette image, l'artiste égyptien avait voulu marquer que l'âme, une
fois séparée du corps, devient quelque chose d'aussi mobile et d'aussi
léger que le plus léger et le plus mobile de tous les êlres vivants, que
celui qui a le bénéfice et le secours de l'aile ; en même temps, il attri-
buait à cet oiseau le visage humain, et, par cette attribution, il indi-
quait le caractère symbolique et religieux du type qu'il avait créé ;
toute confusion était prévenue et devenait impossible.

I. Histoire de l'Art, t. I, fig. 38; I. II. fig. 281 ét 307.

.'il9. — Quadrupède ailé, à tête
humaine, sur un vase
du Musée de New-York,
Dessin de Wallet.
 
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