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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0738

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728 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

aussi compliqué ! Comme l'intégrité du vase est à la merci du moindre
choc !

Nous ne pouvions qu'indiquer ici ces analogies; pour les constater
soi-même, il suffira d'aller, au sortir du Louvre, jeter un coup d'œil
sur le Musée ethnographique du Trocadéro ou sur toute autre collec-
tion du môme genre. Ce rapprochement avait d'ailleurs son utilité;
c'est lui qui nous aide à comprendre le vrai caractère de la céramique
cypriote. A bien des égards, celle-ci n'est encore que l'industrie d'une
race très incomplètement civilisée ; le métier y a été poussé très loin,
mais le sentiment de l'art y est médiocre. Cependant, parmi les ou-
vrages presque sans nombre qu'elle nous a laissés, on en trouve quel-
ques-uns qui témoignent d'une plus haute ambition. Le peintre ne s'y
est plus contenté de l'ornement linéaire ou même de l'ornement floral;
il ne s'est pas borné à reproduire, en les employant comme éléments
décoratifs, les types principaux de l'animalité; il a voulu, il a osé
quelque chose de plus; il a prétendu tirer parti du champ de son vase
pour y retracer sinon, comme le feront les Grecs, les épisodes princi-
paux de la merveilleuse histoire des héros et des dieux, tout au moins
quelques-unes des scènes qui s'offraient le plus communément à ses
yeux dans le monde où il vivait. Ici c'est une scène d'adoration
(fig. 523); là c'est une scène de guerre (fig. 528); ailleurs ce sont des
promenades et des processions (fig. 525 et 526), ou un retour de chasse
(fig. 531). Sans doute, la forme est encore ici d'une gaucherie singu-
lière; mais l'idée et la tentative n'en sont pas moins neuves et inté-
ressantes. Il y a là ce que nous n'avons rencontré ni en Egypte, ni en
Assyrie et en Phônicie; c'est la première fois que nous trouvons sur
notre chemin le vase peint, au vrai sens du mot, le vase que décore un
tableau, fidèle image delà vie réelle ou représentation de la vie idéale
des êtres supérieurs, telle que l'a conçue le génie des poètes.

Cette innovation, qui sera si féconde en chefs-d'œuvre, à qui l'at-
tribuerons-nous? Est-ce aux Phéniciens? Rien, dans l'état actuel de
nos connaissances, ne nous autorise à leur faire cet honneur. La con-
clusion qui se dégage de la longue étude que nous achevons, c'est qu'il
n'y a, pour ainsi dire, rien en Phénicie qui n'ait été en Égyple et en
Chaldée, c'est que les Phéniciens n'ont ouvert aucune voie qui fût
vraiment nouvelle. C'est donc au compte de l'élément grec que nous
mettrons ce progrès, et cette conjecture a pour elle toutes les vrai-
semblances. Cet élément formait la partie de beaucoup la plus consi-
dérable de la population de File ; nous avons déjà dit quelle influence
 
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