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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0820

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810

LA P11ÉN1C1E ET SES DÉPENDANCES.

mythes par voie d'interprétationNous sommes loin de nier que la
chose soit possible ou môme probable ; nous savons combien l'esprit
grec était subtil et curieux, quel effort il a toujours fait pour assigner
une élymologie à chaque mot, un héros éponymè à chaque cité, une
explication générale à chaque série de phénomènes ; il n'a jamais abdi-
qué devant aucun problème ; il ne s'est jamais résigné à ne pas com-
prendre et à l'avouer. Nous ne doutons donc pas qu'il n'ait fait effort
pour se rendre compte de ce que voulaient dire toutes ces figures et
tous ces groupes; il a dû chercher à saisir un rapport entre les per-
sonnages de ces tableaux et ceux que lui fournissait le trésor de sa
mythologie nationale. Nous admettons volontiers que, dans l'histoire
du développement des mythes grecs, il faille faire une certaine place
à ce que M. Clermont-Ganneau appelle la mythologie iconologique ou
optique ; mais les exemples qu'il cite à l'appui de sa théorie ne nous
paraissent pas suffisamment concluants. Prenons-en un, celui sur lequel
il insiste le plus. Selon lui, le mythe d'Hercule vainqueur du triple
Géryon aurait été suggéré aux poètes et aux artistes grecs par le
groupe symbolique que la Phénicie avait emprunté à l'Egypte et que
nous avons si souvent rencontré sur notre chemin, par celui qui repré-
sente le Pharaon brandissant son arme sur la tête de ses ennemis age-
nouillés (fig. 36, 543, 546, etc.). Si telle était l'origine du mythe grec,
celui-ci, ce semble, se montrerait, dans les monuments grecs, sous
une forme dont les traits se rapprocheraient davantage de ceux qui
caractérisent le groupe égyptien. Or, dans les sculptures cypriotes
que nous avons reproduites (fig. 388) comme sur les vases peints, la
différence entre les deux thèmes plastiques est très sensible2. Jamais
le triple Géryon n'est figuré à genoux, devant le héros qui va le ter-
rasser; il est debout; il combat de pied ferme contre le fils d'Alcmène.
Cette contradiction est difficile à concilier avec l'hypothèse d'après
laquelle ce travail d:Hercule n'aurait été imaginé que pour expliquer
l'image égypto-phénicienne ; dans ce cas, le dessinateur grec aurait,
selon toute vraisemblance, conservé la disposition si particulière des

1. C'est ce qu'a soutenu M. CJermont-Gaimeau dans les pages ingénieuses et bril-
lantes qui forment l'introduction de son mémoire sur la coupe de Préneste ; mais il s'est
borné a indiquer au passage, en quelques mots ou dans une note, tel ou tel emprunt qui
lui paraît probable ; il n'a pas entrepris do mettre en 1 égard, pour chacun de ces mythes
qu'il croit nés de ces interprétations, le monument oriental et les monuments grecs qui
en seraient dérivés; or ces rapprochements pourront seuls porter la conviction dans
l'esprit du lecteur et répondre à toutes les objections.

2. On peut s'en convaincre à l'aide même des peintures de vases que M. Clermont-
Ganneau reproduit, à l'appui de sa thèse, dans les planches jointes à son mémoire.
 
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