Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0819

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA MÉTALLURGIE ET L'ORFÈVRERIE.

809

■ D'une industrie placée dans de pareilles conditions on ne pouvait
guère attendre des ouvrages exécutés avec ce soin attentif et ce scru-
pule presque religieux que l'artiste s'impose alors seulement qu'il sait
travailler pour de vrais connaisseurs. Ce stimulant manquait à l'orfèvre
phénicien; de loin en loin il pouvait bien entreprendre, sur commande,
quelque pièce de choix pour un temple ou pour un haut personnage ;
mais d'ordinaire il travaillait, comme nous dirions, pour la vente en
gros et pour l'exportation. La plupart de ses ouvrages, il le savait,
étaient destinés à tomber aux mains d'inconnus, d'étrangers, de ces
Grecs et de ces Italiotes que, dans son orgueil de vieux civilisé, il se
crut longtemps le droit de mépriser. Bien sot qui, pour de pareils
clients, se fût donné trop de peine! N'était-ce pas assez que le vase
eût bonne mine, que la décoration en fût brillante et richement étoffée
de figures nombreuses et variées ou de dessins géométriques d'une
élégante complication? Avec cette idée, on visait surtout à faire vite
et beaucoup ; malgré leur belle apparence, les produits ouvrés que l'on
expédiait étaient toujours plus ou moins ce que nous appellerions des
marchandises de pacotille.

Nous aurons l'occasion de revenir sur ces coupes et de chercher
quelle influence la vue de ces ouvrages et le désir de les imiter ont pu
exercer sur l'esprit des Grecs et sur les débuts de leurs arts naissants.
Cette influence, on ne la soupçonnait même pas il y a une cinquantaine
d'années. Aujourd'hui on aurait peut-être quelque tendance à l'exa-
gérer. Le difficile, c'est d'évaluer l'intensité de celle action et d'en
démêler les effets, sans les confondre avec ceux qui relèvent de causes
différentes. Sur certains points, la lumière est faite. Les premiers arti-
sans grecs, quand ils eurent à décorer leurs meubles et leurs vases de
métal ou d'argile , se sont certainement inspirés de ces coupes et de
ces cratères; c'est là surtout, on ne le conteste guère aujourd'hui,
qu'ils ont pris l'idée de diviser le champ qu'il s'agissait de remplir, de
le partager, dans les tasses et les plats ronds, en plusieurs zones con-
centriques entourant un médaillon central, dans les vaisseaux d'une
certaine hauteur, tels que cratères, amphores et œnochoés, en ban-
deaux superposés, chacune de ces zones, chacune de ces bandes se
trouvant appelée à contenir une scène dislincte. Ce qui prête encore à
la discussion, c'est la question de savoir si les Grecs ont pris à ces
modèles autre chose que cette simple et ingénieuse disposition, si vrai-
ment, comme on a voulu le prouver, dans leur désir de trouver un sens
aux images qu'ils apercevaient sur ces coupes, ils en ont tiré des

tome nr. I0'2
 
Annotationen