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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0887

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LES ÉTOFFES.

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c'était surtout pour leur habileté à ce genre de travaux qu'étaient appré-
ciées ces esclaves sidonienncs, « sachant faire les beaux ouvrages »,
dont l'adresse est vantée par l'épopée homérique1. Avec des fils dont la
couleur tranchait sur celle du fond, peut-être aussi avec des fils d'or,
elles figuraient, comme dit un écrivain grec, « les bêtes fantastiques
de toute sorte que les Barbares brodent sur les étoffes - ». La déco-
ration de ces grandes pièces de laine qui servaient de vêtement aux
femmes et parfois aux statues des déesses ne différait sans doute pas
de celle dont le principe et l'esprit nous sont connus par les encadre-
ments des bas-reliefs lapidaires, par les coupes de bronze, les bijoux,
les objets d'ivoire et les armes. Même division en bandes parallèles,
même choix de motifs; la matière seule et l'instrument différaient.
On devait retrouver là les rosaces, les monstres de toute espèce, le
globe ailé et les urseus, les guirlandes de fleurs de lotus, enfin toute
cette ornementation où dominait l'imitation de l'Egypte. C'est ce
qu'indiquent toutes les analogies; c'est ce que permet aussi de deviner
un curieux passage d'Eschyle sur lequel l'attention a été appelée tout
récemment:!. Dans les Suppliantes, les filles de Danaos, débarquées
avec leur père, se présentent devant le roi Pélasgos. Celui-ci leur
demande quelle est leur patrie. Comme descendantes d'Io, elles se
disent d'origine argïenno ; mais le roi, frappé de l'aspect de leurs
vêtements, leur répond : « Vous ressemblez surtout à des femmes de
Libye et non à celles de notre pays; c'est le Nil qui nourrit cette
plante, et le style cypriote de vos parures féminines montre clairement
que c'est par des hommes qu'elles ont été tissées 4. » La plante h
laquelle Danaos fait allusion, ce ne peut être que la plante égyptienne
par excellence, le lotus, dont les fleurs et les boutons se détachaient,
en broderies qu'apercevaient tous les spectateurs, sur les robes dont
étaient vêtus les acteurs qui représentaient les filles de Danaos. Quant

■I. 'AvÀaà IpY« îSuta. Odyssée, XV, 417. Dans l'Iliade [Vf, 289), Homère parle des -sV/.o'.
rca(Mtoîxc).oi, ouvrages des femmes sidoniennes, que Paris avait ramenées avec lui du
voyage qui s'était terminé par l'enlèvement d'Hélène. Uor/.uÀw, c'est le plus souvent
broder à l'aiguille, ee que les Latins appelaient etcu pingere; on ne comprend pas comment,
avec le métier des anciens, on aurait pu exécuter dans le tissu même toutes ces figures
(pie nous avons vu couvrir les étotl'es assyriennes, dans les bas-reliefs où les sculpteurs
les ont copiées avec une si minutieuse exactitude ; avec l'aiguille, au contraire, comme
l'exprimait si bien la locution latine, on peut aisément obtenir les mêmes effets qu'avec
le pinceau; il n'y faut que de l'adresse et du temps.

2. Philostrate l'ancien, Eixôveç, 11, 31.

3. Christos Papayannakis, Une date dam l'histoire de l'art cypriote {Gazette archéolo-
gique, 1877, pp. 117-119).

4. Eschyle, Suppliantes, v. 279-284.
 
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