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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0894

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LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

mais ce ne sonl là que des détails el des nuances; à juger sur l'en-
semble, on est tenté de conclure que la seule originalité de cet art,
c'est de ne pas être original, c'est de suffire à des tâches très diverses
sans avoir presque rien tiré de son propre fonds, avec des moyens
d'expression qu'il a reçus tous, à très peu près, des mains de l'étranger.

S'agit-il de l'industrie, le résultat auquel nous ont conduit nos
recherches n'est plus le même; sur ce terrain, la Phénicie est vraiment
supérieure; elle y déploie une activité, une variété de ressources el
une puissance qui forcent l'admiration. Le plus souvent, il est vrai,
comme dans la céramique et la verrerie, comme dans l'orfèvrerie et la
bijouterie, elle applique des procédés qui ont été découverts par ses
prédécesseurs; mais alors elle les développe et les perfectionne; elle
en tire un meilleur parti que ne l'avaient fait les inventeurs. D'autres
fois, comme pour la teinture en pourpre, elle ouvre une voie toute nou-
velle; cette branche d'industrie qui lui donnera de si beaux profits, c'est
bien elle qui l'a créée de toutes pièces. En môme temps, quel esprit
d'initiative et quelle hardiesse ! Dans le domaine de l'art, le génie phé-
nicien est timide et sans élan; il n'ose pas voler de ses propres ailes;
l'idée ne lui vient même pas de l'essayer; mais, en revanche, rien ne
l'effraye ni ne l'arrête, pour aller chercher au loin les produits bruts
qu'il transformera et les produits manufacturés qu'il a chance de placer
avec avantage; rien ne lui coûte pour s'ouvrir de nouveaux débouchés
et pour étendre sa clientèle. Dès qu'il espère un bénéfice, le marchand
n'hésite pas à s'exiler; il visite les tribus du désert de Syrie pour
acheter cette fine laine de leurs brebis que cardeurs et tisserands,
teinturiers et foulons attendent dans les villes du littoral; à travers les
solitudes sans eau et les gués incertains des fleuves gonflés par les
pluies, il accompagne les caravanes jusque dans les oasis de la pénin-
sule arabique, jusqu'aux portes des cités de l'Euphrale et du Tigre,
jusqu'au pied des monts de l'Arménie ; il s'établit pour plusieurs
années, parfois pour toute sa vie, à Ninive, à Babylone ou à Memphis;
il a là, dans le bazar, sa boutique voûtée et fraîche ou les chalands
viennent s'asseoir sur le devant de l'étal et se faire montrer les objels
de toilette et d'ameublement qu'il façonne lui-même, quand il sait un
métier, sous les yeux du public, ou que lui oui expédié, s'il n'est qu'un
revendeur, ses associes et ses correspondants.

D'autres de ces trafiquants, et c'était le plus grand nombre, pre-
naient la mer; ils s'embarquaient avec leurs marchandises; ils les met-
taient en vente, exposées sur le sable, d'abord dans les havres les plus
 
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