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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0902

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892 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

cle nom, entre le Celte et l'Arabe, entre l'Etrusque et l'Assyrien, entre
l'Espagnol et l'Indien.

Ce qui rend ces résultats encore plus admirables, c'est la faiblesse
des ressources avec lesquelles ils ont été obtenus. Au temps même de
leur plus grande expansion, les vrais Phéniciens, les Phéniciens cle race
pure étaient au plus quelques centaines de mille. C'est avec ce person-
nel si peu nombreux qu'il leur a fallu réussir à être partout présents,
à ménager partout, pour leurs trafiquants, des ports de refuge et cle
ravitaillement, des comptoirs fortifiés où ils pussent déposer leurs mar-
chandises en attendant qu'elles fussent distribuées à la clientèle du
voisinage, puis que les produits bruts obtenus en retour fussent enle-
vés, dans la belle saison, par les navires expédiés de Tyr ou cle Car-
tilage. Ces « Anglais de l'antiquité », comme on les a si bien nommés1,
sont arrivés à soutenir cette gageure par des moyens qui rappellent
beaucoup ceux que l'Angleterre a employés, depuis deux siècles, pour
établir et pour maintenir, avec une poignée de soldats et des milliers
cle vaisseaux, son immense empire colonial. La différence, c'est que
Tyr n'a jamais essayé cle soumettre et de gouverner les peuples qui
habitaient les terres dont elle visitait les côtes; Carlhage l'a tenté, en
Sicile, en Sarclaigne et en Espagne; celte entreprise a paru d'abord
couronnée cle succès, puis elle a jeté Carlhage clans de cruels embarras
et elle a fini par la perdre, en la mettant en lutte avec Rome, qui
opposait une armée de citoyens aux armées cle mercenaires que com-
mandaient les Amilcar et les Annibal. Si Carthage avait été fidèle aux
exemples que Tyr lui avait donnés, peut-être aurait-elle encore gardé
dans ses mains, pendant un siècle ou deux, le commerce cle la Médi-
terranée occidentale et celui de l'Océan. La politique de Tyr était celle
que l'Angleterre a suivie là où les circonstances ne l'ont pas, comme
clans l'Inde, comme clans l'Afrique australe ^ menée plus loin qu'elle
ne voulait aller. Sans même songer à des conquêtes qui les auraient
épuisés, les Sicloniens et les Tyriens s'étaient contentés d'occuper les
points qui commandaient les grandes routes du commerce; ils avaient
choisi surtout les îles et les îlots, que la mer qui les enveloppait se
chargeait de défendre, et ils s'y étaient établis vigoureusement. Lorsque
l'île était grande, comme la Sicile et la Sardaigne, ils ne cherchaient
pas à la posséder tout entière, ils se retranchaient clans quelque pénin-
sule abritant un sûr mouillage ou sur quelque colline qu'ils entouraient

1. G. Charmes, Lettres de Tunisie (dans le Journal des Débats du 4 mai 1882).
 
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