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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0901

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LE ROLE HISTORIQUE DES PHÉNICIENS. 891

se parlent, dès que chaque peuplade n'est plus cantonnée dans une île
ou dans une vallée close, dès qu'il y a échange de produits entre des
régions lointaines, tout se divulgue ou se devine, tout huit par se
savoir. Nous avons dit avec quel soin jaloux les Phéniciens cherchaient
à garder, au prix même du mensonge et du meurtre, le secret des
routes qui conduisaient leurs navires vers les marchés des Syrtes,
vers les côtes de la Sardaigne et de l'Espagne, puis, plus loin encore,
dans l'Océan, vers le pays reculé d'où venait l'étain. Malgré toutes ces
précautions, les hardis voyages des Phéniciens, plus audacieux naviga-
teurs que ne l'ont jamais été les Grecs, ont beaucoup contribué à
étendre et à rectifier la notion du monde, si étroite encore et si
inexacte chez les Grecs, dans Homère par exemple, vers le dixième
siècle. Grâce à eux, les limites de l'espace occupé par les hommes,
de « la terre habitée », comme disaient les Grecs, ont peu à peu reculé.
L'esprit a conçu une plus juste idée de l'étendue du domaine qui s'ou-
vrait à ses entreprises, des vastes champs qu'il était appelé à peupler, à
féconder et à mettre en valeur; il a mieux compris la destinée mor-
telle de son espèce et la variété des rapports qui pouvaient la relier aux
différents milieux où elle avait à vivre et à se développer. Dans
d'autres conditions et sous l'empire d'autres sentiments, les marins de
Tyr et de Garthage, les Hannon, les Himilcon et tant d'autres dont la
mémoire même a péri, ont joué, sur l'étroit théâtre du bassin de la
Méditerranée et au seuil de l'Atlantique, un rôle analogue à celui qu'ont
rempli, dans ces derniers siècles, les grands explorateurs, qui ont
découvert l'Amérique et l'Australie, puis les missionnaires qui se sont
répandus chez les peuples sauvages et eufin ces voyageurs qui par-
courent et qui sondent aujourd'hui, dans l'intérêt de la science, l'inté-
rieur des continents inconnus. Même persévérance, même intrépidité,
mêmes périls bravés sans avoir, comme sur le champ de bataille,
l'ivresse de la lutte. Mêmes effets que l'on peut résumer en un mot : des
tribus barbares ont été rattachées à l'ensemble des nations policées par
des liens qui ne devaient plus être rompus; ces peuples ont été mis
ainsi en mesure d'égaler et, si leur génie s'y prêtait, de surpasser
bientôt leurs devanciers et leurs maîtres mêmes. Bien des bateaux ont
sombré, par des nuits sans lune, sur des écueils cachés; bien des vies
de matelots ont été sacrifiées, avant que les cités phéniciennes fussent
arrivées à devenir l'entrepôt du monde entier, avant qu'elles eussent
établi une suite régulière d'échanges entre des nations que séparaient
des espaces immenses et qui parfois ne se connaissaient même pas
 
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