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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0905

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LE ROLE HISTORIQUE DES PHENICIENS. 895

ment donnée par ces maîtres qui n'aimaient cependant pas à livrer
leurs secrets. Le Phénicien était, par excellence, l'homme de tous les
métiers. Tel, avant de prendre la mer, avait plus ou moins longtemps
travaillé dans un atelier; le marchand était souvent comme doublé
d'un artisan qui savait, à l'occasion, réparer un outil gâté par le
voyage, monter un vase, raccommoder une arme ou un joyau. Pen-
dant qu'il s'y employait sous les yeux du client, on faisait cercle autour
de lui, on regardait par-dessus son épaule, et souvent il n'en fallait
pas plus pour deviner la composition d'une soudure ou pour surprendre
le mystère d'un tour de main d'où dépendait le succès de telle ou
telle opération.

Quand on cherche à se rendre compte ainsi de ce qui se passait
sur toutes les plages où abordait le marchand phénicien, quand on
calcule l'effet utile de tous ces contacts et de ces échanges de produits
et d'idées, ce n'est pas sans une émotion sincère, sans un sentiment
de respect et de sympathie que l'on se représente le départ de la
galère sidonienne, et que l'on en suit le sillage dans ces eaux où le
pilote s'aventure sans carte ni boussole. On la voit d'abord longer timi-
dement la côte, et, à la première bourrasque, se réfugier dans quelque
anse bien abritée; elle y attend que le vent tombe; puis elle s'enhar-
dit; elle se risque à traverser un large bras de mer pour gagner une
ile, Cypre ou Rhodes, dont les montagnes lointaines s'aperçoivent à
l'horizon. Là l'équipage se repose; puis il se hasarde à une plus
longue traversée; il perd de vue la terre, et, s'il n'a pas été emporté
par la tempête vers les Syrtes inhospitalières, le voilà qui brave la
courte et dure lame de l'Adriatique; nous sommes tentés de battre des
mains, quand, après avoir essuyé plus d'un orage, il touche enfin, sur
les côtes de la Sicile ou de l'Italie, à quelque port dont il a le premier
trouvé le chemin; nous nous associons de cœur aux prières et aux
vœux par lesquels, une fois le navire tiré sur le sable, les marins
rendent hommage au grand dieu national, à ce Melqart qui les a guidés
et sauvés au cours de leur inquiète et périlleuse navigation.

Le Melqart phénicien, auquel nous ne savons même pas quels
traits et quel visage prêter, n'a pas, comme son successeur, l'Héraclès
grec, été transfiguré par l'art et la poésie; il n'est pas né de Zeus
dans la lumière du matin, pour mourir sur l'Ossa, dans les splendeurs
du couchant enflammé, pour monter au ciel et pour y devenir l'époux
d'Hébé, l'immortelle déesse de la jeunesse; le ciseau d'un Phidias et
d'un Lysippe n'a pas fait de son image l'un des types de la beauté virile ;
 
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