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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0906
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LA PHENIGIE ET SES DEPENDANCES.
mais comme il a bien gagné l'encens qui a fumé sur ses autels et les
victimes dont le sang les a baignés ! Combien de navires ont traversé
les mers, confiants dans sa protection, et que de terres ont ensuite
ouvertes au commerce ces Christophe Colomb de la Méditerranée !
Sans le Melqart de Tyr, sans les marins dont il conduisait la marche à
travers l'inconnu, comme le mouvement de la civilisation aurait été
changé, comme l'essor en aurait été ralenti! Oui sait quels longs âges
se seraient écoulés avant que les pères des Grecs et des Romains sor-
tissent de cette barbarie où se sont attardées, jusqu'au commencement
de notre ère, dans la vallée du Rhin et dans celle du Danube, les
tribus des Germains et des Celtes?
Ce Melqart, en qui se personnifie l'héroïque effort de la navigation
et de la colonisation phénicienne, a fait de plus grandes choses que le
fils d'Alcmène; il a rendu à l'humanité de bien autres services. Qu'est-
ce que le lion de Némée et l'hydre de Lerne auprès des périls de la
mer, auprès de ses tempêtes, qui se jouaient de ces barques légères
comme le vent fait d'une feuille sèche? Si, dans l'antiquité même,
Melqart avait fini par perdre son nom et sa physionomie propre, pour
se confondre avec l'Héraklès du panthéon hellénique, si l'histoire
même ne lui a pas toujours rendu l'hommage auquel il a droit, c'est
qu'il lui a manqué des sculpteurs de génie pour dresser sa statue et
des poètes pour chanter ses travaux.
O sacer et magnus vatum labor, omnia fato
Eripis, et populis donas mortalibus sevum !
LA PHENIGIE ET SES DEPENDANCES.
mais comme il a bien gagné l'encens qui a fumé sur ses autels et les
victimes dont le sang les a baignés ! Combien de navires ont traversé
les mers, confiants dans sa protection, et que de terres ont ensuite
ouvertes au commerce ces Christophe Colomb de la Méditerranée !
Sans le Melqart de Tyr, sans les marins dont il conduisait la marche à
travers l'inconnu, comme le mouvement de la civilisation aurait été
changé, comme l'essor en aurait été ralenti! Oui sait quels longs âges
se seraient écoulés avant que les pères des Grecs et des Romains sor-
tissent de cette barbarie où se sont attardées, jusqu'au commencement
de notre ère, dans la vallée du Rhin et dans celle du Danube, les
tribus des Germains et des Celtes?
Ce Melqart, en qui se personnifie l'héroïque effort de la navigation
et de la colonisation phénicienne, a fait de plus grandes choses que le
fils d'Alcmène; il a rendu à l'humanité de bien autres services. Qu'est-
ce que le lion de Némée et l'hydre de Lerne auprès des périls de la
mer, auprès de ses tempêtes, qui se jouaient de ces barques légères
comme le vent fait d'une feuille sèche? Si, dans l'antiquité même,
Melqart avait fini par perdre son nom et sa physionomie propre, pour
se confondre avec l'Héraklès du panthéon hellénique, si l'histoire
même ne lui a pas toujours rendu l'hommage auquel il a droit, c'est
qu'il lui a manqué des sculpteurs de génie pour dresser sa statue et
des poètes pour chanter ses travaux.
O sacer et magnus vatum labor, omnia fato
Eripis, et populis donas mortalibus sevum !