24 Sagesse, Chap. II.
Les Personnes qui ont beaucoup à'Efprit, doivent témoigner
beaucoup de Bonté aux autres : car avoir tant d’Efprit neit pas
souvent une Qualité aimable j elle peut attirer TEnvie ou la
Haine, au lieu de FAffeâion ; & inseniiblement nous aimons
moins les Personnes qui nous oppriment par leur Efprit. Ii faut
donc tâcher, que la principale Qualité qui éclate en nous , soit
la Bonté $ parce quelle ne choque point l’Amour propre des
autres. Nicole.
On peut avoir XEfprit très-juite, très-agréable, & très-foible
en même-tems : Fextrême Déiicatesfe de XEfprit esh une espèce
de Foiblesse; on sent vivement les Choses , & on succombe
à ce Sentiment li vif : il y a des gens qui sont douioureux
par-tout.
L’Efprit de l’Homme étant aussi borné & aussi étroit qu’il
Fesh, une appiication le détourne d’une autre : un objèt qui
Foccupe, efface peu-à-peu les objèts qui Foccupoient aupa-
ravant : les Idées les plus vives s’évanouissent peu-à-peu ; les
Passions se chassent Fune de Fautre, & ies traçes des Choses
passées que nous avons dans la Mémoire, deviennent peu-à-
peu si obscures, qu’enfin il nen reste presque rien. M. de Fon-
tenelle.
Nous sommes toujours payés avec Usure , du soin que nous
prenons de cultiver notre Efprit. C’est ce fond que tout Homme,
qui sent la Noblesse de son Origine & de sa Destinée , est:
chargé de mettre en valeur : ce Fond st riche & st fertiie, st
capable de produèHons Immortelles, est seul digne de toute
son Attention. En effet, XEfprit se nourrit & se fortifie par les
sublimes Yérités que FÉtude lui fournit j il croît & grandit,
pour ainst dire avec ies hommes , dont il étudie Ies Ou-
vrages $ de même quon prend les manières & les senti-
mens de ceux avec qui Fon vit ordinairement. II se pique par
une
Les Personnes qui ont beaucoup à'Efprit, doivent témoigner
beaucoup de Bonté aux autres : car avoir tant d’Efprit neit pas
souvent une Qualité aimable j elle peut attirer TEnvie ou la
Haine, au lieu de FAffeâion ; & inseniiblement nous aimons
moins les Personnes qui nous oppriment par leur Efprit. Ii faut
donc tâcher, que la principale Qualité qui éclate en nous , soit
la Bonté $ parce quelle ne choque point l’Amour propre des
autres. Nicole.
On peut avoir XEfprit très-juite, très-agréable, & très-foible
en même-tems : Fextrême Déiicatesfe de XEfprit esh une espèce
de Foiblesse; on sent vivement les Choses , & on succombe
à ce Sentiment li vif : il y a des gens qui sont douioureux
par-tout.
L’Efprit de l’Homme étant aussi borné & aussi étroit qu’il
Fesh, une appiication le détourne d’une autre : un objèt qui
Foccupe, efface peu-à-peu les objèts qui Foccupoient aupa-
ravant : les Idées les plus vives s’évanouissent peu-à-peu ; les
Passions se chassent Fune de Fautre, & ies traçes des Choses
passées que nous avons dans la Mémoire, deviennent peu-à-
peu si obscures, qu’enfin il nen reste presque rien. M. de Fon-
tenelle.
Nous sommes toujours payés avec Usure , du soin que nous
prenons de cultiver notre Efprit. C’est ce fond que tout Homme,
qui sent la Noblesse de son Origine & de sa Destinée , est:
chargé de mettre en valeur : ce Fond st riche & st fertiie, st
capable de produèHons Immortelles, est seul digne de toute
son Attention. En effet, XEfprit se nourrit & se fortifie par les
sublimes Yérités que FÉtude lui fournit j il croît & grandit,
pour ainst dire avec ies hommes , dont il étudie Ies Ou-
vrages $ de même quon prend les manières & les senti-
mens de ceux avec qui Fon vit ordinairement. II se pique par
une