DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.28034#0069
S A G E S S E , € H A P. V. ^ ^
soit de cette Humeur 3 autrement, ff XHumUiation étoit toujours
suivie de l’élévation , ce seroit une espèce dTIypocrisie de
S Humilier, M. Nicole.
De l’Avarice,
II. UAvarice esL plutôt une foiblesse du Cœur, qu’une er-
reur de FEsprit. Je ne m’arrêterai donc point ici, à déclamer sur
la peine qu’on se donne pour amasser des richefîes , sur les an«
xiétés que leur posseslion cause , sur le vuicle qu’elles laillent
dans le Cœur j ni sur les regrèts dont leur perte esl suivie.
UAvare n’ignore rien de tout cela : il en fait une épreuve con-
tinuelle ; il sçait qu’en elles-mêmes les richesses ne sont pas un
bien; mais seulement un moyen pour se procurer, tout ce qui
paroît contribuer au bien-être de la Vie. Mais il ess assez Pu-
ssllanime pour ne pouvoir se rassurrer contre les frayeurs de l’A-
venir, & Tincertitude des évènemens.
Le Dessr de vivre, luifaît envisager une longue suite d’années.
II calcule le nombre des jours d’une Vieillesse infirme , & celui
des Personnes qu’il sera contraint de s’attacher à prix d’argent.
II projètte de bâtir & de planter , pour charmer ses ennuis 3 &
une ridicule Prévoyance pour des besoins passibles, Toblige à
manquer d’un nécessaire aèluel. C’est un autre Tantale, qui
devant une table chargée de mèts délicats & de vins exquis
meurt de faim & de soif. Comme il fait consssser son Bonheur
non pas à jouir, mais à pouvoir jouir ; & qu’il recule ia réalité
de la jouissance, jusssu’à l’avenir le plus éloigné; il ne cesse de
mèttre écu sur écu. II ne dit jamais c’ess assez, la soif qu’il a de
l’or ess une véritable hydropisse : plus il en a, plus il en veut
avoir j & c’ess une espèce de Prodige, ss ce dessr insatiable
d’acquérir ne le porte pas aux injussices les plus violentes : quoh
qu’au resse, cette Avidité soit elle-même une injussice 3 auûl
soit de cette Humeur 3 autrement, ff XHumUiation étoit toujours
suivie de l’élévation , ce seroit une espèce dTIypocrisie de
S Humilier, M. Nicole.
De l’Avarice,
II. UAvarice esL plutôt une foiblesse du Cœur, qu’une er-
reur de FEsprit. Je ne m’arrêterai donc point ici, à déclamer sur
la peine qu’on se donne pour amasser des richefîes , sur les an«
xiétés que leur posseslion cause , sur le vuicle qu’elles laillent
dans le Cœur j ni sur les regrèts dont leur perte esl suivie.
UAvare n’ignore rien de tout cela : il en fait une épreuve con-
tinuelle ; il sçait qu’en elles-mêmes les richesses ne sont pas un
bien; mais seulement un moyen pour se procurer, tout ce qui
paroît contribuer au bien-être de la Vie. Mais il ess assez Pu-
ssllanime pour ne pouvoir se rassurrer contre les frayeurs de l’A-
venir, & Tincertitude des évènemens.
Le Dessr de vivre, luifaît envisager une longue suite d’années.
II calcule le nombre des jours d’une Vieillesse infirme , & celui
des Personnes qu’il sera contraint de s’attacher à prix d’argent.
II projètte de bâtir & de planter , pour charmer ses ennuis 3 &
une ridicule Prévoyance pour des besoins passibles, Toblige à
manquer d’un nécessaire aèluel. C’est un autre Tantale, qui
devant une table chargée de mèts délicats & de vins exquis
meurt de faim & de soif. Comme il fait consssser son Bonheur
non pas à jouir, mais à pouvoir jouir ; & qu’il recule ia réalité
de la jouissance, jusssu’à l’avenir le plus éloigné; il ne cesse de
mèttre écu sur écu. II ne dit jamais c’ess assez, la soif qu’il a de
l’or ess une véritable hydropisse : plus il en a, plus il en veut
avoir j & c’ess une espèce de Prodige, ss ce dessr insatiable
d’acquérir ne le porte pas aux injussices les plus violentes : quoh
qu’au resse, cette Avidité soit elle-même une injussice 3 auûl