102 Sagesse,Chap. VI.
Rien n'est plus rare que la véritahle Bontê : ceux-mêmes qui
croyent en avoir, n’ont d’ordinaire que de la Complaisance,
ou de la Foiblesse. Nui ne mérite le titre de Bon, s’il n’a pas
la hardiesse de devenir Méchant. Toute autre bonté ness le
plus souvent qu’une Paresse, ou une Impuissance de la volonté.
La vraie Bonté consssse dans slnclination qu’on a à aimer les
Hommes, à excuser leurs Défauts, à leurpardonner leursYices,
à interprèter ce qu’ils font de la manière la moins Défavorable,
à ies supporter, à leur faire du Bien -, lors rnême qu’il ny a
aucun Retour à en attendre. Voilà ce qui rend les hommes
Bons. Quelque esprit, quelques talens qu’ayent un Homme ou
une Femme , on ne peut s’attacher à eüx s’ils ne sont, outre
cela, un Homme Bon, une Femme Bonne. Pour déprimer la
qualité de Bon ; les méchants ont imaginé d’appeller un Bon--
homme , une Bonne-femme, les Foibles & les Imbécilles. Cette
Mauvaise façon de s’exprimer a-été adoptée par grand nombre
de'Gens , qui ne réfféchissent point.
La Bonté de l’âme fait qu’on ne se porte à la Sévérité contre
un coupahie, qu’à regrèt} & pour ne point manquer au Devoir.
C’est cette Manfuétude , qui réprimera en nous ces mouve-
mens de Colère, ces saillies d’PIumeur, qui n’accompagnent
c{ue trop souvent les Châtimens que nous faisons subir à ceux
C{ui ont mérité , je le veux, d’être punis. Mais -qui a tort, le sent
doublement ; & par la Peine soufferte, & par la Manière dont
elle lui est inssigée. C’est cette Douceur de Caraèlère qui
conserve en nous le Sang froid & la Tranquillité d’esprit, ab-
solument nécessaires pour voir les choses comme elles sont j &
qui modérant slmpression qu’elle pourroit faire sur nous au
premier abord, nous empêche de nous prévenir $ & nous laisse
la Liberté d’entendre en chaque Circonstance, la Voix distinéle
de la Raison.
Rien n'est plus rare que la véritahle Bontê : ceux-mêmes qui
croyent en avoir, n’ont d’ordinaire que de la Complaisance,
ou de la Foiblesse. Nui ne mérite le titre de Bon, s’il n’a pas
la hardiesse de devenir Méchant. Toute autre bonté ness le
plus souvent qu’une Paresse, ou une Impuissance de la volonté.
La vraie Bonté consssse dans slnclination qu’on a à aimer les
Hommes, à excuser leurs Défauts, à leurpardonner leursYices,
à interprèter ce qu’ils font de la manière la moins Défavorable,
à ies supporter, à leur faire du Bien -, lors rnême qu’il ny a
aucun Retour à en attendre. Voilà ce qui rend les hommes
Bons. Quelque esprit, quelques talens qu’ayent un Homme ou
une Femme , on ne peut s’attacher à eüx s’ils ne sont, outre
cela, un Homme Bon, une Femme Bonne. Pour déprimer la
qualité de Bon ; les méchants ont imaginé d’appeller un Bon--
homme , une Bonne-femme, les Foibles & les Imbécilles. Cette
Mauvaise façon de s’exprimer a-été adoptée par grand nombre
de'Gens , qui ne réfféchissent point.
La Bonté de l’âme fait qu’on ne se porte à la Sévérité contre
un coupahie, qu’à regrèt} & pour ne point manquer au Devoir.
C’est cette Manfuétude , qui réprimera en nous ces mouve-
mens de Colère, ces saillies d’PIumeur, qui n’accompagnent
c{ue trop souvent les Châtimens que nous faisons subir à ceux
C{ui ont mérité , je le veux, d’être punis. Mais -qui a tort, le sent
doublement ; & par la Peine soufferte, & par la Manière dont
elle lui est inssigée. C’est cette Douceur de Caraèlère qui
conserve en nous le Sang froid & la Tranquillité d’esprit, ab-
solument nécessaires pour voir les choses comme elles sont j &
qui modérant slmpression qu’elle pourroit faire sur nous au
premier abord, nous empêche de nous prévenir $ & nous laisse
la Liberté d’entendre en chaque Circonstance, la Voix distinéle
de la Raison.