Mythologie des Enfers 9 Chap. VI. 173
On en nomme ordinairement Trois^ Tifiphone > Mégèrey
Alecio ; & ces noms qni signifient, Rage , Carnage , Envie,
leur conviennent parfaitement.
Quant à leurs FondHons, elles ont toujours été regardées
comme des Ministres de la Vengeance des Dieux 5 & comme
des Déesses sévères & inéxorables, dont l’unique Occupation
étoit de punir le Crime y non-seulement dans les Enfers , mais
même dans cette Vie : poursuivant sans relâche les scélérats par
des Remords , qui ne leur donnoient aucun repos, & par des
Viiions éffrayantes , qui leur faisoient souvent perdre le sens.
On sçait avec quel trait, Virgile peint le Déibrdre que
causa une de ces Furies à la Cour du Roi Latinus ; ce que üt
Tijiphone à l’égard d’Étbéocîe & Polinice aans Staçe : Quel
Ravage causa à Thèbes , la Furie que Junon avoit envoyée
pour se venger d’Athamas ; & tout ce que fit endurer à Isis une
autre Furie, que la même DéeiTe avoit suscitée pour la persé-
cuter dans Ovide : enfin ces terribles Persécutions que firent les
Furies, au malheureux Oreile dans Euripide.
Cicéron nous apprend ce qu’on pensoit de son tems sur ces
Noires Divinités : « ne vous imaginez pas , dit-il, que les Impies
» & les Scélérats soient tourmentés par les Furies, qui les pour-
» suivent réellement avec des torches ardentes ; les Remords
» qui suivent les Crimes, sont les véritables Furies dont parlent
» les Poëtes. »
Des Déesïes si redoutables s’attirèrent des Hommages parti-
culiers. En efFèt, le Respeèl quon leur portoit étoit fi grand,
qu’on n’osoit presque ies nommer, dit Euripide j ni jetter les
yeux sur leurs Temples. On regarda comme une impiété, si
nous en croyons Sophocle, la démarehe que fit (Edipe; lors
quallant à Athènes comme suppliant, il se retira dans un bois
qui leur étoit consacré. Elles eurent des Temples dans pluueurs
On en nomme ordinairement Trois^ Tifiphone > Mégèrey
Alecio ; & ces noms qni signifient, Rage , Carnage , Envie,
leur conviennent parfaitement.
Quant à leurs FondHons, elles ont toujours été regardées
comme des Ministres de la Vengeance des Dieux 5 & comme
des Déesses sévères & inéxorables, dont l’unique Occupation
étoit de punir le Crime y non-seulement dans les Enfers , mais
même dans cette Vie : poursuivant sans relâche les scélérats par
des Remords , qui ne leur donnoient aucun repos, & par des
Viiions éffrayantes , qui leur faisoient souvent perdre le sens.
On sçait avec quel trait, Virgile peint le Déibrdre que
causa une de ces Furies à la Cour du Roi Latinus ; ce que üt
Tijiphone à l’égard d’Étbéocîe & Polinice aans Staçe : Quel
Ravage causa à Thèbes , la Furie que Junon avoit envoyée
pour se venger d’Athamas ; & tout ce que fit endurer à Isis une
autre Furie, que la même DéeiTe avoit suscitée pour la persé-
cuter dans Ovide : enfin ces terribles Persécutions que firent les
Furies, au malheureux Oreile dans Euripide.
Cicéron nous apprend ce qu’on pensoit de son tems sur ces
Noires Divinités : « ne vous imaginez pas , dit-il, que les Impies
» & les Scélérats soient tourmentés par les Furies, qui les pour-
» suivent réellement avec des torches ardentes ; les Remords
» qui suivent les Crimes, sont les véritables Furies dont parlent
» les Poëtes. »
Des Déesïes si redoutables s’attirèrent des Hommages parti-
culiers. En efFèt, le Respeèl quon leur portoit étoit fi grand,
qu’on n’osoit presque ies nommer, dit Euripide j ni jetter les
yeux sur leurs Temples. On regarda comme une impiété, si
nous en croyons Sophocle, la démarehe que fit (Edipe; lors
quallant à Athènes comme suppliant, il se retira dans un bois
qui leur étoit consacré. Elles eurent des Temples dans pluueurs