X ÀUTEURS
dre à se connoïtre : c’est le fondement de la Sagesse , & la voye pouf
parvenir au bien : & c’esl pure foiie, que d’être attentif & diligent à
connoître toutes autres choses plutôt que soi-même ! La vraye Sçience
& la vraye Étude de l’homme, c’esl l’Homme.
Dieu, Nature , les Sages, & tout le Monde , prêche l’Homme ; &
l’éxhorte de fait & de parole , à s’étudier & connoître. Dieu éternelle-
ment & sans cesse se regarde , se coniidëre , & se connoît. Le Monde
a toutes ses vûës renfermées au-dedans , & ses yeux ouverts pour se
voir & regarder. L’Homme est autant obligé de s’étudier & connoître,
comme il lui est naturel de penser, & il est proche à soi-même. La
Nature nous oblige tous à ce travail. Méditer & entretenir ses pensées
est une chose fort facüe , ordinaire , & naturelle ; la nourriture , l’en-
tretien, & ia vie de l’esprit , cujus vïvere ejl cogitare : or par oîi com-
mençera, & puis continuera-t-ii à méditer, à s’entretenir plus juste-
ment & naturellement que par soi-même ? Y a-t-il chose qui lui tou-
che de plus près ? Certes aller ailleurs & s’oublier , est chose dénatu-
rée & très-injuste. C’est à chacun sa vraye & principale vocation , que
de penser àsoi. Aussi voyons-nous que chaque chose pense à soi, s’é-
tudie la première, a ses limites, ses occupations Sc ses desirs. Et toi
Homme , qui veux embrasser l’Unîvers, tout connoître , controlier &
juger, tu ne te connois pas toi-même : & ainss en voulant faire l’ha-
bile , tu demeure le seul Sot au monde. Tu es la plus vuide & nécessi-
teufe des Créatures , la plus vaine & misérable de toutes, & néanmoins
la plus ffère & orgueilleuse. C’est pourquoi regarde dedans toi, recon-
nois-toi, tiens-toi à toi? Ton esprit SC ta volonté , qui se consomme
ailleurs, ramene-le à soi-même. Tu t’oubîie, tu te répands , §>z îe perds
au-dehors, tu te dérobes à toi-même , tu regardes toujours devant toi r
ramasse-toi, & t’enserme dedans toi : éxamine-toi, Sc ne pense à autre
shose qu’à te connoître bien.
Nofce te-ipfum , nec te qucefiris extra ,
Respice quod non es, tecum habita , &
N&ris quam st tibi curia fuppellex„
Tu te consule.
Te-ipsum concute , numquid vitiorumi
InJsyerit olim natura 3. aut eiiam consuetudo maia»
dre à se connoïtre : c’est le fondement de la Sagesse , & la voye pouf
parvenir au bien : & c’esl pure foiie, que d’être attentif & diligent à
connoître toutes autres choses plutôt que soi-même ! La vraye Sçience
& la vraye Étude de l’homme, c’esl l’Homme.
Dieu, Nature , les Sages, & tout le Monde , prêche l’Homme ; &
l’éxhorte de fait & de parole , à s’étudier & connoître. Dieu éternelle-
ment & sans cesse se regarde , se coniidëre , & se connoît. Le Monde
a toutes ses vûës renfermées au-dedans , & ses yeux ouverts pour se
voir & regarder. L’Homme est autant obligé de s’étudier & connoître,
comme il lui est naturel de penser, & il est proche à soi-même. La
Nature nous oblige tous à ce travail. Méditer & entretenir ses pensées
est une chose fort facüe , ordinaire , & naturelle ; la nourriture , l’en-
tretien, & ia vie de l’esprit , cujus vïvere ejl cogitare : or par oîi com-
mençera, & puis continuera-t-ii à méditer, à s’entretenir plus juste-
ment & naturellement que par soi-même ? Y a-t-il chose qui lui tou-
che de plus près ? Certes aller ailleurs & s’oublier , est chose dénatu-
rée & très-injuste. C’est à chacun sa vraye & principale vocation , que
de penser àsoi. Aussi voyons-nous que chaque chose pense à soi, s’é-
tudie la première, a ses limites, ses occupations Sc ses desirs. Et toi
Homme , qui veux embrasser l’Unîvers, tout connoître , controlier &
juger, tu ne te connois pas toi-même : & ainss en voulant faire l’ha-
bile , tu demeure le seul Sot au monde. Tu es la plus vuide & nécessi-
teufe des Créatures , la plus vaine & misérable de toutes, & néanmoins
la plus ffère & orgueilleuse. C’est pourquoi regarde dedans toi, recon-
nois-toi, tiens-toi à toi? Ton esprit SC ta volonté , qui se consomme
ailleurs, ramene-le à soi-même. Tu t’oubîie, tu te répands , §>z îe perds
au-dehors, tu te dérobes à toi-même , tu regardes toujours devant toi r
ramasse-toi, & t’enserme dedans toi : éxamine-toi, Sc ne pense à autre
shose qu’à te connoître bien.
Nofce te-ipfum , nec te qucefiris extra ,
Respice quod non es, tecum habita , &
N&ris quam st tibi curia fuppellex„
Tu te consule.
Te-ipsum concute , numquid vitiorumi
InJsyerit olim natura 3. aut eiiam consuetudo maia»