ESPRIT ET DÉVELOPPEMENT DE LA SCULPTURE ROMANE 513
cieuse, y font intervenir une poésie tout humaine. A la cathédrale de
Parme (1178), au baptistère de la même ville (1196), à Borgo San Don-
nino, Benedetto Antelami développe une iconographie abondante et
savante, d'inspiration gothique, des formes traitées d’abord avec une
sécheresse d’orfèvre, puis plus pleines, d’un plus beau poids et d’une
noble qualité monumentale. Mais des œuvres comme les prophètes assis
et comme le Salomon et la reine de Saba du baptistère n’appartiennent
plus, ni par la date, ni par le style, à l’art roman.
L’intérêt de ces foyers périphériques qui, de l’Angleterre à la Lom-
bardie, en passant par le Nord de la France, la Belgique, la Rhénanie,
enveloppent d’une sorte de border les ateliers de la France du Centre et
du Sud-Ouest et ceux de l’Espagne du Nord, c’est de nous présenter,
outre l’expansion d’un style bien défini dont l’accord avec l’architec-
ture est le principe essentiel, des traditions plus anciennes mêlées à la
précocité d’un autre art : en terre anglo-normande, le vocabulaire et
parfois les combinaisons de l’Europe du Nord, avec des traces d’apports
plus lointains; à l’Est, des formes et des techniques carolingiennes;
dans le Midi méditerranéen et en Italie, la résistance de la première
sculpture romane et quelques souvenirs antiques; enfin l’Ile-de-France
crée, dès le milieu du xne siècle, un thème iconographique et un style
monumental nouveaux dont l’influence s’étend au loin, en Provence,
en Italie et même en Espagne, où le portail de Sanguesa montre
des statues-colonnes dressées sous une façade saintongeaise. De
l’art roman à l’art gothique, il n’y a pas succession chronologique.
Le fait caractéristique, c’est qu’un foyer secondaire devient le foyer
principal.
L’analyse technique de la sculpture romane,
LE BAROQUE ROMAN n n fi fi. ’
1 etude du problème de ses origines et celle
de ses premières manifestations au xiie siècle, c’est-à-dire au moment
où, riche des acquisitions du xie, elle atteint sa plénitude et sa fermeté
classiques, nous ont déjà fait connaître ses variétés selon les lieux. Il
nous reste à indiquer en peu de mots comment elle évolue et comment
elle finit. Plusieurs caractères, plus ou moins précoces, mais rarement
isolés, signalent son déclin : la profusion, l’oubli des fonctions, la
recherche des effets pittoresques, le goût de l’anecdote, le dessèchement.
En se répandant avec une abondance qui méconnaît la discipline de
l’architecture et qui envahit les membres pour lesquels il est peu fait,
ou dont il déguise et affaiblit le vrai rôle, le décor échappe à la sévérité
de la règle qui définissait son style en le contenant à des emplacements
et dans des cadres déterminés. Le guillochage des colonnettes, notam-
cieuse, y font intervenir une poésie tout humaine. A la cathédrale de
Parme (1178), au baptistère de la même ville (1196), à Borgo San Don-
nino, Benedetto Antelami développe une iconographie abondante et
savante, d'inspiration gothique, des formes traitées d’abord avec une
sécheresse d’orfèvre, puis plus pleines, d’un plus beau poids et d’une
noble qualité monumentale. Mais des œuvres comme les prophètes assis
et comme le Salomon et la reine de Saba du baptistère n’appartiennent
plus, ni par la date, ni par le style, à l’art roman.
L’intérêt de ces foyers périphériques qui, de l’Angleterre à la Lom-
bardie, en passant par le Nord de la France, la Belgique, la Rhénanie,
enveloppent d’une sorte de border les ateliers de la France du Centre et
du Sud-Ouest et ceux de l’Espagne du Nord, c’est de nous présenter,
outre l’expansion d’un style bien défini dont l’accord avec l’architec-
ture est le principe essentiel, des traditions plus anciennes mêlées à la
précocité d’un autre art : en terre anglo-normande, le vocabulaire et
parfois les combinaisons de l’Europe du Nord, avec des traces d’apports
plus lointains; à l’Est, des formes et des techniques carolingiennes;
dans le Midi méditerranéen et en Italie, la résistance de la première
sculpture romane et quelques souvenirs antiques; enfin l’Ile-de-France
crée, dès le milieu du xne siècle, un thème iconographique et un style
monumental nouveaux dont l’influence s’étend au loin, en Provence,
en Italie et même en Espagne, où le portail de Sanguesa montre
des statues-colonnes dressées sous une façade saintongeaise. De
l’art roman à l’art gothique, il n’y a pas succession chronologique.
Le fait caractéristique, c’est qu’un foyer secondaire devient le foyer
principal.
L’analyse technique de la sculpture romane,
LE BAROQUE ROMAN n n fi fi. ’
1 etude du problème de ses origines et celle
de ses premières manifestations au xiie siècle, c’est-à-dire au moment
où, riche des acquisitions du xie, elle atteint sa plénitude et sa fermeté
classiques, nous ont déjà fait connaître ses variétés selon les lieux. Il
nous reste à indiquer en peu de mots comment elle évolue et comment
elle finit. Plusieurs caractères, plus ou moins précoces, mais rarement
isolés, signalent son déclin : la profusion, l’oubli des fonctions, la
recherche des effets pittoresques, le goût de l’anecdote, le dessèchement.
En se répandant avec une abondance qui méconnaît la discipline de
l’architecture et qui envahit les membres pour lesquels il est peu fait,
ou dont il déguise et affaiblit le vrai rôle, le décor échappe à la sévérité
de la règle qui définissait son style en le contenant à des emplacements
et dans des cadres déterminés. Le guillochage des colonnettes, notam-