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Mémoires
jetta dans un desespoir extrême, 11 ren-
tra dans sa chambre avec un air furieux,
& s’étant jette sur son lit il y pasia plu-
sieurs heures dans une violente agitation.
J’entendis quelques paroles qu’il laissoit
échapper; je jugeai qu’il avoit besoin d’ê-
tre ccnsolé , & m’étant présenté à lui,
je lui demandai la cause de son chagrin.
Si vous m’aimez, me dit-il d’un air trou-
blé, lailsez-moi mourir; mais aidez-moi
auparavant à me venger. Je suis trahi.
Donna Maria est une perfide à qui je veux
arracher la vie de mes propres mains,
après avoir massacré à ses yeux le nou-
vel amant qu’elle me préféré. Ensuite il
me raconta que depuis deux jours Don-
na Maria recevoit le soir dans sa chambre
un-inconnu, avec lequel elle pasisoit une
partie de la nuit sans témoins; que la fil-
le de chambre avoit ordre pendant ce
tems-là de veiller à la porte, pour l’é-
carter lui-même & tous ceux qui se pré-
senteroient; que celle-ci en lui donnant
avis de tout l’avoit assiné, que son rival
• devoit encore se trouver au rendez-vous
le même jour, mais que ce seroit le der-
nier de sa vie , puis qu’il étoit résolu de
la lui ôter, & de percer ensuite le cœur
de son indigne maîtresse. 11 ajouta mille
choses , telles que la rage les inspire , &
lors qu’il fut las de crier & de se plain-
Mémoires
jetta dans un desespoir extrême, 11 ren-
tra dans sa chambre avec un air furieux,
& s’étant jette sur son lit il y pasia plu-
sieurs heures dans une violente agitation.
J’entendis quelques paroles qu’il laissoit
échapper; je jugeai qu’il avoit besoin d’ê-
tre ccnsolé , & m’étant présenté à lui,
je lui demandai la cause de son chagrin.
Si vous m’aimez, me dit-il d’un air trou-
blé, lailsez-moi mourir; mais aidez-moi
auparavant à me venger. Je suis trahi.
Donna Maria est une perfide à qui je veux
arracher la vie de mes propres mains,
après avoir massacré à ses yeux le nou-
vel amant qu’elle me préféré. Ensuite il
me raconta que depuis deux jours Don-
na Maria recevoit le soir dans sa chambre
un-inconnu, avec lequel elle pasisoit une
partie de la nuit sans témoins; que la fil-
le de chambre avoit ordre pendant ce
tems-là de veiller à la porte, pour l’é-
carter lui-même & tous ceux qui se pré-
senteroient; que celle-ci en lui donnant
avis de tout l’avoit assiné, que son rival
• devoit encore se trouver au rendez-vous
le même jour, mais que ce seroit le der-
nier de sa vie , puis qu’il étoit résolu de
la lui ôter, & de percer ensuite le cœur
de son indigne maîtresse. 11 ajouta mille
choses , telles que la rage les inspire , &
lors qu’il fut las de crier & de se plain-