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Puyvelde-Lassalle, Ghislaine
Watteau et Rubens — Bruxelles [u.a.]: Ed. Univ., 1943

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https://doi.org/10.11588/diglit.51530#0015
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Roger de Piles, Boisset, La Roque, la comtesse de Verrue
introduisent dans leurs collections des œuvres flamandes, dont le
caractère intime et réel convient mieux au genre de vie nouveau.
Un art spontané, vivant, élégant, spirituel, plus souple, plus
libre, au coloris plus savoureux, détrône l’ennuyeuse pompe de
l’art de cour. Il est l’expression adéquate de la nouvelle société,
éprise d’indépendance, qui échappe à la tutelle du Roi et juge
seule des choses de l’esprit et de l’art. L’art nouveau délaisse le
faste de Versailles pour se loger à Paris, dans les salons, où
l’esprit et l’élégance se côtoient. Il se fait plus intime, plus souriant.
Il n’est plus asservi au « sujet ». Les formats se réduisent. Le
théâtre et la musique servent souvent de source d’inspiration.
La peinture d’histoire se meurt. Dans ses Réflexions, de 1747,
La Font de Saint-Yenne en attribue la cause essentielle à la vogue
des peintres flamands.
En 1690, à la mort de Lebrun, peintre du Roi, la peinture
française s’est affranchie. Elle conquiert même l’hégémonie. « Paris,
écrit l’architecte Patte, est à l’Europe ce qu’étoit la Grèce lorsque
les arts y triomphoient ; elle fournit des artistes à tout le reste
du monde. » Cette grande puissance d’expansion, l’art français du
XVIII6 siècle la doit en grande partie à l’art flamand, qui l’a
revivifié en le libérant de l’Italie. Désormais on préfère la Galerie
du Luxembourg à la Galerie Farnèse, où les peintres de l’école
précédente imitaient les Carrache. Au mécène Crozat, qui regrettait
qu’il n’eût pu connaître l’Italie, le peintre Cazes répondit : « J’ai
fait, Monsieur, comme Le Sueur, Rigaud, Jouvenet, Largillière et
quelques autres grands peintres français : j’ai fait voir qu’on
pourrait s’en passer ! » En effet, Jouvenet, Largillière, Rigaud,
Watteau, Coypel, Nattier ne font plus le voyage d’Italie : Paris
se tourne vers la Flandre.
Qui mieux que Watteau, ce Flamand de France, pouvait
transmettre à l’art français les éléments vivifiants de la grande
peinture flamande du XVIIe siècle ?

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