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Revue archéologique — 7.1863

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Cerquand, J. F.: Les Charites
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0072

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64 revue archéologique.

parle Panyasis, vidée en l'honneur de Dionysos et des Charités.
Mais comme les mythes ne s'arrêtent point, cette seule coupe se tri-
ple bientôt sous le prétexte qu'il y a trois Charités. Un autre dogme,
celui des Muses, autorisera neuf coupes au lieu de trois. L'ivresse
sera le résultat nécessaire de ces libations pieuses. Les Charités en-
fin deviennent les suivantes de Bacchus aussi bien que d'Aphrodite;
elles foulent pour le dieu le marc des vignes de Sorrente (XI, 27),
et comme elles ont déjà changé pour Apollon leur ronde en un
chœur, elles font de ce chœur une bande (xcopç), en sorte qu'on se
demande si elles sont des Charités ou des Bacchantes (XI, 32).

Voilà comme elles finissent, et les monuments figurés suivent ex-
pressément ces diverses phases de leur décadence. Vêtues d'abord
d'une longue robe à plis sévères, qui ne laisse voir que leurs bras
nus (poSoTra^seç), et portant une ceinture, signe de la pudeur, elles
se tiennent par la main autour d'un autel. Elles conservent ce cos-
tume dans le chœur délien. Plus tard, sous l'influence probable de
l'Asie, elles rejettent la ceinture et se voilent d'une gaze transpa-
rente. Elles laissent tomber sur leurs épaules des boucles de cheveux
en désordre. Enfin elles rejettent aussi la gaze (1). Pausanias a cher-
ché en vain l'auteur de ce dernier changement (2). Comme lui,
nous ignorons l'homme; mais nous savons le sentiment. C'est l'amour,
dit un épigrammatiste (3). Non, c'est la débauche raffinée, avant-
courrière de la chute des civilisations vieillies.

J. F. Cerquand.

(1) Le lecteur trouvera dans Montfaucon et dans la collection de Clarac toutes les
figures nécessaires pour suivre les modifications du costume et du geste. Sénèque et
Servius, aux lieux cités, parlent des vêtements de gaze.

(2) Le texte de Pausanias est formel. Jusqu'à Socrate inclusivement les Charités
sont restées vêtues. Le vêtement était donc de la religion. Aussi est-il curieux de voir
Servius et Suidas, qui appartiennent encore à l'antiquité, donner naïvement la rai-
son d'un symbole qui n'existe pas. Servius, I, 720 : Ideo autem nudœ sunt, quia
gratiœ sine fuco esse debent : Les Grâces sont nues, parce qu'elles ne doivent pas être
fardées. Suidas, v. Xàpixocç : Les Grâces sont nues parce que nous devons obliger avec
simplicité, àcpeXw;, et sans ostentation, àçavspwç. Il ajoute une idée qui vaut mieux :
« Parce qu'elles ont perdu leur parure : cm tov sccutmv jc6<7(aov à^pYjvTai.

(3) AnthoL, IX, 616. »
 
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