Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue archéologique — 7.1863

DOI Artikel:
Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Album de Villard de Honnecourt, [4]: architecte du treizième siècle
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0377

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ALBUM DE VILLARD DE HONNECOURT.

369

moyens employés, le choix des matériaux, l'appareil, la sculp-
ture, etc.; 3° parce qu'enfin je conslate que l'art, répandu partout
un siècle auparavant, tend à s'isoler de plus en plus et à n'être plus
qu'un plaisir de privilégiés. L'art de l'architecture ne peut vivre que
dans deux états très-opposés. Il se développe rapidement et arrive à
une puissance d'expression très-élevée au milieu d'un état théocrati-
que, mais alors il demeure stationnaire et ne progresse pas. L'art
théocratique égyptien décline sans interruption des premières dy-
nasties jusqu'aux Ptolémées. Ou bien il fournit au progrès inces-
sant, et alors, comme chez les Grecs de l'antiquité, par exemple, il
est un réservoir auquel on peut toujours puiser sans jamais le tarir,
mais dont les écoulements divers se transforment incessamment.
Dans ce dernier cas, l'art de l'architecture ne vit qu'au sein d'une
complète liberté, qu'à la condition de le laisser puisera sa source.
La grande faute de la renaissance a été de croire qu'un art aussi
plein, aussi logique, aussi complet qu'était l'architecture française,'
pouvait ou quitter brusquement un enchaînement rigoureux d'ef-
forts pour aller chercher des formes qui n'avaient aucune raison
d'exister et répondaient à une mode, non à des besoins nouveaux,
ou mêler au produit de ses efforts méthodiquement poursuivis pendant
plusieurs siècles des éléments absolument étrangers. De là ces incer-
titudes, ces tâtonnements vides d'effets que le xvie siècle accumule
sans développer une idée ou un principe nouveau. Aussi voyons-
nous qu'à peine le dernier des Yalois est-il mort, il se manifeste
une réaction toute française dans les expressions de cet art, et que
les monuments, palais ou bâtiments quelconques élevés au commen-
cement du xvne siècle sont beaucoup plus rapprochés, comme prin-
cipe d'art, de l'architecture dite gothique, que ceux construits sous
Henri II. Les compositions d'Androuet du Cerceau nous font déjà
pressentir cette tendance des architectes de la fin du xvie siècle à
revenir aux principes de l'art troublés par l'influence italienne. C'est
qu'alors, en effet, la noblesse avait d'autres préoccupations; elle ne
songeait guère à peser sur le goût de ses architectes, elles les laissait
faire, et l'architecture se relève de 1600 à 1650. Mais quand la cour
de Louis XIY et le roi lui-même prétendirent de nouveau protéger
l'architecture, nous voyons cet art s'affaisser rapidement et perdre à
la fin du xvme siècle toute originalité en même temps que toute raison.
Comme toujours, l'exécution suit ce mouvement de baisse, et si au
commencement du xvne siècle, nous admirons des édifices dans les-
quels la structure est savamment conduite, la sculpture est bonne et
ferme, sobre et bien composée en vue de l'effet qu'elle doit produire,
vu. 25
 
Annotationen