398 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
au sujet principal, qui tiennent une si large place dans le livre de
M. de Courson.
Légué à monseigneur l'archevêque de Rennes par un ancien béné-
dictin, le Cartulaire de Redon est un manuscrit de cent quarante
feuillets, écrit à la fin du xie et au xne siècle : il contient des actes
depuis 797 jusqu'en 1160. C'est l'un des rares documents de ce
genre qui, pour la Rretagne, contiennent des textes antérieurs à l'in-
vasion normande, et font connaître les institutions de ce pays à
l'époque antérieure aux ravages des pirates du Nord.
Au commencement du ix° siècle, un prêlre originaire de Com-
blessac, au diocèse de Saint-Malo, Conwoion, cherchant la solitude
avec cinq compagnons, s'établissait à Rolon, au confluent de l'Oust
et de la Vilaine : Conwoion éprouva les plus grandes difficultés à
fonder son monastère. Il avait pour lui Nominoë qui devait un peu
plus tard fonder la nationalité bretonne; contre son projet, les sei-
gneurs francks et le clergé gallo-romain multipliaient leurs efforts.
11 triompha grâce à la ténacité de son illustre protecteur; il le
seconda ensuite dans ses projets de fondation d'une église indépen-
dante de l'influence franque. Redon devint une abbaye véritablement
bretonne : son importance fut immense au double point de vue poli-
tique et religieux, ses possessions s'étendaient dans les diocèses de
Vannes, où se trouvait Redon, de Rennes, deCornouailles, déNantes
et de Saint-Malo.
L'histoire de l'abbaye se rattache à celle de la monarchie bretonne :
aussi M. de Courson, en retraçant dans ses prolégomènes les annales
du monastère, donne en résumé de l'histoire générale de la province,
surtout jusques au xme siècle. Son travail comprend plusieurs pé-
riodes : d'abord la fondation par Nominoë et le règne de ce petit
souverain; l'histoire des successeurs de ce prince, à qui il n'a man-
qué qu'un annaliste contemporain, pour avoir une place parmi le
petit nombre de ceux qui ont un nom universellement célèbre; les
invasions normandes pendant lesquelles, à la différence des autres
abbayes bretonnes abandonnées, les moines de Redon purent se
maintenir à Plélan; ensuite les quatre cent vingt-sept ans qui s'é-
coulèrent depuis le retour d'Alain Barbetorte jusqu'à la prise de
Redon par le duc Jean IV (l'abbaye tenait pour Charles de Blois son
compétiteur); enfin, la période du xive siècle à 1792, termine cette
partie de l'ouvrage qui est suivie d'un chapitre sur la ville même qui
doit son existence à l'antique monastère. — Là on remarque des
détails intéressants sur les anciennes institutions, l'industrie, le com-
merce d'une petite ville bretonne.
au sujet principal, qui tiennent une si large place dans le livre de
M. de Courson.
Légué à monseigneur l'archevêque de Rennes par un ancien béné-
dictin, le Cartulaire de Redon est un manuscrit de cent quarante
feuillets, écrit à la fin du xie et au xne siècle : il contient des actes
depuis 797 jusqu'en 1160. C'est l'un des rares documents de ce
genre qui, pour la Rretagne, contiennent des textes antérieurs à l'in-
vasion normande, et font connaître les institutions de ce pays à
l'époque antérieure aux ravages des pirates du Nord.
Au commencement du ix° siècle, un prêlre originaire de Com-
blessac, au diocèse de Saint-Malo, Conwoion, cherchant la solitude
avec cinq compagnons, s'établissait à Rolon, au confluent de l'Oust
et de la Vilaine : Conwoion éprouva les plus grandes difficultés à
fonder son monastère. Il avait pour lui Nominoë qui devait un peu
plus tard fonder la nationalité bretonne; contre son projet, les sei-
gneurs francks et le clergé gallo-romain multipliaient leurs efforts.
11 triompha grâce à la ténacité de son illustre protecteur; il le
seconda ensuite dans ses projets de fondation d'une église indépen-
dante de l'influence franque. Redon devint une abbaye véritablement
bretonne : son importance fut immense au double point de vue poli-
tique et religieux, ses possessions s'étendaient dans les diocèses de
Vannes, où se trouvait Redon, de Rennes, deCornouailles, déNantes
et de Saint-Malo.
L'histoire de l'abbaye se rattache à celle de la monarchie bretonne :
aussi M. de Courson, en retraçant dans ses prolégomènes les annales
du monastère, donne en résumé de l'histoire générale de la province,
surtout jusques au xme siècle. Son travail comprend plusieurs pé-
riodes : d'abord la fondation par Nominoë et le règne de ce petit
souverain; l'histoire des successeurs de ce prince, à qui il n'a man-
qué qu'un annaliste contemporain, pour avoir une place parmi le
petit nombre de ceux qui ont un nom universellement célèbre; les
invasions normandes pendant lesquelles, à la différence des autres
abbayes bretonnes abandonnées, les moines de Redon purent se
maintenir à Plélan; ensuite les quatre cent vingt-sept ans qui s'é-
coulèrent depuis le retour d'Alain Barbetorte jusqu'à la prise de
Redon par le duc Jean IV (l'abbaye tenait pour Charles de Blois son
compétiteur); enfin, la période du xive siècle à 1792, termine cette
partie de l'ouvrage qui est suivie d'un chapitre sur la ville même qui
doit son existence à l'antique monastère. — Là on remarque des
détails intéressants sur les anciennes institutions, l'industrie, le com-
merce d'une petite ville bretonne.