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Revue archéologique — 7.1863

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Boissier, Gaston: Atticus éditeur de Cicéron
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https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0107

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ATTICUS ÉDITEUR T)K CICÉRON. 99

durent avoir un grand prix après sa mort. Aussi ne sommes-nous pas
étonnés de voir Fronton, deux siècles après, enénumérant les noms
de ceux qui se sont faits les éditeurs des grands écrivains de l'anti-
quité, placer parmi eux Alticus, et dire que les livres de Cicéron sont
plus précieux, et même qu'ils ont plus de gloire, quand c'est Atticus
qui les a publiés (1). Voilà un témoignage formel qui achève de
mettre hors de doute la part que prenait Atticus dans la publication
des œuvres de son ami.

De tous ces textes que je viens de citer, on peut tirer quelques consé-
quences importantes. Ils nous font entrevoir en quel état se trouvait
le commerce des livres à cette époque. Il me semble d'abord qu'At-
ticus n'aurait pas eu l'idée de faire transcrire et de répandre les
livres de son ami, s'il y avait eu alors des gens qui se chargeaient
habituellement de ce soin et qui en faisaient un commerce spécial.
Je ne veux pas dire cependant qu'on ne connût pas à Rome le métier
de vendre des livres. Cicéron, dans sa seconde Philippique, dit for-
mellement qu'il y avait sur le Forum des boutiques de libraire (2).
Mais il faut bien croire qu'ils étaient loin d'avoir l'importance qu'ils
ont prise plus tard. Un passage curieux d'une lettre à Quintus nous
apprend à quoi se bornait leur commerce. Cicéron, que son frère a
chargé de compléter sa bibliothèque, lui répond que ce n'est pas
possible, et voici la raison qu'il en donne: « Parmi les livres qui
sont à vendre, il n'y en a point qui me plaisent, et il faudrait, pour
en copier, des gens habiles et soigneux (3). » Ainsi, il semble n'ad-
mettre que deux alternatives : ou bien on fait copier les ouvrages
qu'on désire, ou il faut se contenter de ceux qui, par hasard, sont en
vente en ce moment. Il n'est pas question d'un libraire richement
fourni, comme les nôtres, possédant tous les livres curieux qui vien-
nent de paraître et les ouvrages importants de l'antiquité, et chez
qui l'on est sûr de les trouver quand on en a besoin. En disant que,
chez les marchands, il n'en trouve pas qui lui plaisent, non venalia
surit, quœ quidem placeant, il ne semble désigner que ces commerces
intermittents où l'on vend des débris de bibliothèques, et qui sont
bien ou mal fournis, suivant l'occasion. Remarquons en passant que
cette imperfection du commerce des livres explique comment on
avait tant de peine alors à s'en procurer de corrects. Cicéron se
plaint très-vivement des fautes qu'on y trouve: il déclare qu'il ne

(1) AdMar. Cœs., II, 1, p. 46 (Ed. Niebuhr).

(2) Phil., II, 9. — Catulle [Epigr. \ parle aussi des librariontm scrinia,

(3) Ad Quint, frat.,111, h.
 
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