sait plus à qui s'adresser et accuse à la fois les copistes et les mar-
chands : De latinis quo me vertam nescio, ita mendose et scribuntur et
veneunt (1).
Dans cette absence de grands libraires possédant un fonds varié et
complet de livres de toute sorte, le moyen le plus simple de se pro-
curer un ouvrage qu'on voulait avoir, était de le faire copier. Voilà
pourquoi ces riches Romains, qui possédaient tous les métiers repré-
sentés dans leurs immenses maisons, avaient aussi, et en grand
nombre, des esclaves copistes (librarii). Les occasions de les employer
n'étaient pas rares, et on leur faisait copier bien autre chose que les
livres qu'on voulait lire et garder. C'est par eux, par exemple, que
se répandaient les acta diurna. Il ne faudrait pas se figurer que les
acta fussent distribués à domicile et par entreprise ainsi que les
journaux d'aujourd'hui. Les procès-verbaux des assemblées popu-
laires et des affaires du Forum, qui formaient le fond de ce qu'on appe-
lait les acta populi romani étaient sans doute déposés dans quelque
endroit public, où l'on pouvait les lire, et les faisait copier qui vou-
lait. Cicéron écrit à Cornificius : De republica qtiid agatur credo te ex
eorum litteris cognoscere qui ad te acta debent perscribere (2). Cor-
nificius avait donc des gens qui allaient les copier d'un bout à l'autre.
Ainsi, tandis qu'on peut dire que les journaux viennent aujourd'hui
nous trouver, il fallait alors les aller chercher, et chaque particulier
devait imaginer quelque manière de les faire transcrire pour son
usage. C'est quelque chose de semblable qui se passait à propos des
livres. Nous voyons que Cornificius (3), Balbus, Caerellia (4), quand
ils voulaient lire un ouvrage de Cicéron, en demandaient un exem-
plaire à Atlicus ou à Cicéron lui-même, et le faisaient reproduire
par leurs copistes. Quand ils l'avaient lu, ils pouvaient le prêter à
d'autres personnages qui le faisaient copier à leur tour, et c'est ainsi
que de l'un à l'autre les livres se répandaient.
Voilà déjà une grande différence avec ce qui se passe de nos jours.
Il y en avait d'autres non moins considérables. Le droit d'auteur
n'existait pas. Qui pouvait en effet empêcher quelqu'un de faire
copier un livre dont un exemplaire était tombé entre ses mains, et de
le reproduire autant de fois qu'il le voulait? En fait, jusqu'à la dé-
couverte de l'imprimerie, l'auteur n'était pas maître de son ouvrage.
(1) Ad Quint., III, 5.
(2) Ad fam., XII, 28.
(3) Id., XII, 17.
(k) Ad AU.,XII1, 21.
chands : De latinis quo me vertam nescio, ita mendose et scribuntur et
veneunt (1).
Dans cette absence de grands libraires possédant un fonds varié et
complet de livres de toute sorte, le moyen le plus simple de se pro-
curer un ouvrage qu'on voulait avoir, était de le faire copier. Voilà
pourquoi ces riches Romains, qui possédaient tous les métiers repré-
sentés dans leurs immenses maisons, avaient aussi, et en grand
nombre, des esclaves copistes (librarii). Les occasions de les employer
n'étaient pas rares, et on leur faisait copier bien autre chose que les
livres qu'on voulait lire et garder. C'est par eux, par exemple, que
se répandaient les acta diurna. Il ne faudrait pas se figurer que les
acta fussent distribués à domicile et par entreprise ainsi que les
journaux d'aujourd'hui. Les procès-verbaux des assemblées popu-
laires et des affaires du Forum, qui formaient le fond de ce qu'on appe-
lait les acta populi romani étaient sans doute déposés dans quelque
endroit public, où l'on pouvait les lire, et les faisait copier qui vou-
lait. Cicéron écrit à Cornificius : De republica qtiid agatur credo te ex
eorum litteris cognoscere qui ad te acta debent perscribere (2). Cor-
nificius avait donc des gens qui allaient les copier d'un bout à l'autre.
Ainsi, tandis qu'on peut dire que les journaux viennent aujourd'hui
nous trouver, il fallait alors les aller chercher, et chaque particulier
devait imaginer quelque manière de les faire transcrire pour son
usage. C'est quelque chose de semblable qui se passait à propos des
livres. Nous voyons que Cornificius (3), Balbus, Caerellia (4), quand
ils voulaient lire un ouvrage de Cicéron, en demandaient un exem-
plaire à Atlicus ou à Cicéron lui-même, et le faisaient reproduire
par leurs copistes. Quand ils l'avaient lu, ils pouvaient le prêter à
d'autres personnages qui le faisaient copier à leur tour, et c'est ainsi
que de l'un à l'autre les livres se répandaient.
Voilà déjà une grande différence avec ce qui se passe de nos jours.
Il y en avait d'autres non moins considérables. Le droit d'auteur
n'existait pas. Qui pouvait en effet empêcher quelqu'un de faire
copier un livre dont un exemplaire était tombé entre ses mains, et de
le reproduire autant de fois qu'il le voulait? En fait, jusqu'à la dé-
couverte de l'imprimerie, l'auteur n'était pas maître de son ouvrage.
(1) Ad Quint., III, 5.
(2) Ad fam., XII, 28.
(3) Id., XII, 17.
(k) Ad AU.,XII1, 21.