Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue archéologique — 12.1865

DOI article:
Daremberg, Charles: Études d'archéologie médicale sur Homère, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0107
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ÉTUDES D’ARCHÉOLOGIE MÉDICALE SUR HOMÈRE. 103

épargnés que le dernier des soldais ; ils n’avaient d’autre avantage
que d’être à l’abri des atteintes de la mort.

Nous voyons, dès la haute antiquité, les femmes de la plus noble
condition et les déesses disputer aux hommes la pratique de l’art de
guérir; mais dans Homère il ne s’agit guère que de magiciennes;
leurs préparations sont des charmes plutôt que des remèdes. Ainsi,
à côté des médecins Machaon et Podalire, nous trouvons les enchan-
teresses Agamède, Polydamna, Hélène et Circé. Sur la blonde Aga-
mède nous ne savons rien sinon qu’elle était fille d’Augéas l’Épéen,
femme du vaillant Mulius, et qu’elle connaissait autant de remèdes
magiques (cpapp.axa) que la vaste terre en pourrait produire (1). L’É-
gyptienne Polydamna, épouse de Thon, est nommée dans Y Odyssée (2)
comme ayant fourni à Hélène quelques-uns de ces médicaments qui
poussent en si grande abondance sur le sol fécond de l’Égypte, et qui
procuraient le salut ou donnaient la mort. Hélène l’Argienne, fille de
Jupiter, la volage épouse de Thésée, de Ménélas, de Paris, joue un
rôle plus important: pour dissiper les ennuis de Télémaque et de
Pisistrate,fils de Nestor, elle prépare et mêle à leur breuvage une
substance merveilleuse, « propre à calmer la douleur et la colère (3)
et qui fait oublier tous les maux. » Quiconque, ajoute Homère, a bu
de ce breuvage ne verse pas une seule larme durant tout le jour,
lors même que son père et sa mère seraient morts, quand même son
frère et son fils chéri seraient égorgés avec l’airain, en sa présence et
sous ses propres yeux (4). Quant à Circé, ce n’est qu’une horrible
sorcière qui change en pourceaux, c’est-à-dire rend fous (insania
zoanthropica),les compagnons d’Ulysse en mêlant quelque drogue in-
connue à un breuvage composé de vin de Pramne, de fromage, de
farine ,et de miel (5). Le moly (p.wXu), que Mercure donne à Ulysse

(1) XI, 738-41.

(2) Od. IV, 228-30.

(3) <pipfj.a7.ov... vY]7tevQÉç te ayoLov te. On a écrit des volumes sur ce mot vyitcevOéç.
On y a découvert toutes sortes de plantes et toutes sortes de sucs qui n’ont probable-
ment jamais existé que dans le cerveau des commentateurs. N'/yrcsydéç n’est pas un
nom de substance, mais une épithète, et probablement l’on ne saura jamais ce que
contenait ce cpapp-axov VYi7tsv0éç. Ce qu’on peut admettre de plus raisonnable, c’est
qu’il s’agit de quelque drogue stupéfiante, comme sont l’opium ou le haschich. — On
voit aussi par ce passage qu’il y a longtemps que la colère (cholère) était attribuée à
la bile (x°^A) ■

(4) Od. IV, 219-234. — Voy. Hérod., II, 115-116.

(5) Od. X, 234-240.
 
Annotationen