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Revue archéologique — 12.1865

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Caffiaux, Henri: Récension nouvelle du texte de l'oraison funèbre d'Hypéride, [1]: et examen de l'édition de M. Comparetti
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https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0236
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232 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

temps, offrir à l’orateur officiel de grandes ressources, il devait dégé-
nérer bien vite en une série de lieux communs invariablement les
mêmes et amenant, comme résultat mortel pour l’éloquence, la mo-
notonie, mère de la satiété.

De là le discrédit qui s'attacha bientôt à ce genre; de là des traces
d’impatience et de fatigue que laissent apercevoir des orateurs de
génie, obligés de repasser par une ornière devenue trop banale;
de là chez eux, une infériorité qui, en les mettant bien au-dessous
de leur propre niveau, fait douter de-l’authenticité de leurs éloges;
de là enfin, depuis Lysias jusqu’à Démosthène, une gêne et un
besoin d’innover dont j’ai ailleurs marqué la trace (1); et qui, avant
même la découverte du discours d’Hypéride, m’avait fait deviner
que cette harangue ne devait ressembler en rien à celles qui l’avaient
précédée. Je lis en effet dans le manuscrit de mon ouvrage sur l’o-
raison funèbre que je soumettais alors au bienveillant examen de
M. Egger et qu’il me renvoya avec le fac-similé et l’édition de M. Ba-
bington, le passage suivant :

.« Quelque beauté intrinsèque que puisse avoir le morceau

« conservé par Stobée, il a pour nous peu d’intérêt; ce qu’il nous
« faudrait, c’est le monument tout entier, dont la perte est des plus
« regrettables. Car l’oraison funèbre, depuis Platon, subissait un
« travail de transformation, dont Démosthène ne nous donne pas le
« dernier mot, et nous l’aurions tenu sans doute d’Hypéride. Il est vi-
ce sible en effet que, de ces formes consacrées par l’usage et le besoin
« de plaire, les unes avaient fait leur temps, les autres n’étaient plus
« possibles. De plus, les faits, les événements amenant à coups pré-
« cipités une situation de plus en plus émouvante et d’ailleurs déci-
« sive, ont dû faire naître, pour l’orateur comme pour son auditoire,
« le besoin de concentrer exclusivement leurs regards sur l’époque
« présente. La lutte dont il a été témoin, a donc vraisemblablement
« absorbé toutes les pensées d’Hypéride; plus que Démosthène
« encore, il a dû être de son temps et s’isoler des antiques souve-
« nirs. »

L’œuvre retrouvée a réalisé et au delà toutes ces prévisions :
ainsi le panégyrique d’Athènes comprenant les légendes héroïques,
l’éloge des morts tués à toutes les époques, une revue rétrospective
de toutes les victoires remportées, l’excellence de l’autochthonie,
et la supériorité des institutions démocratiques pour former l’homme
et le citoyen, sont choses qu’Hypéride s’excuse fort légèrement de

(1) De Y Oraison funèbre dans la Grèce païenne.
 
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