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REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
de son temps ; mais je me contente de tes indiquer ici aux personnes
qui voudraient s'occuper d'une histoire particutière de l'hygiène,
ou du moins de l'alimentation (1).
C'est à cette époque reculée que se trouve la plus ancienne men-
tion des sources d'eaux minérales (elles étaient consacrées à Hercule)
et des bains qu'on y prenait (2). Sophocle (3) parie aussi des bains
chauds du mont OEta, bains qui paraissent avoir été fréquentés; et
le poète Cratès (vers l'an 449-424), à propos des bains chauds où il
veut conduire ses amis (4), mentionne une espèce de maison de santé
ou d'hôpital (nusocoMMioM), placé près de la mer, sous l'invocation
de Pæon, médecin des dieux, et désigné par le motpæo?2<fm?2, comme
les temples d'Esculape s'appelaient Ce passage de Cratès
est d'autant plus important à signaler qu'il est unique et qu'il se
rapporte à un établissement médical dirigé peut-être par des laïques
et différent des temples d'Esculape.
Ce premier regard que nous venons de jeter vers l'horizon le plus
reculé de notre histoire n'a pas été sans profit ni sans intérêt. Les
premières assises sont désormais posées; nous verrons maintenant le
monument s'élever peu à peu et prendre des proportions de plus en
plus régulières. Les théories vont intervenir pour expliquer et ras-
sembler sous certaines lois les faits que l'expérience a multipliés;
imaginées en partie par des médecins et en partie par des philosophes,
ou, si vous voulez, par desp/q/sicie?2$ qui avaient la prétention, mal
justifiée, de connaître la nature, ces théories sont ce qu'elles pou-
vaient être en dehors de toute notion positive de physiologie, c'est-
à-dire très-vagues, et n'ayant d'autre soutien que les manifestations
les plus grossières de la vie normale et de la vie pathologique.
Après Solon, la scène médicale s'agrandit, les renseignements de-
viennent plus nombreux et plus précis; deux voies parallèles, mais
(1) Les Comiques (je ne parle ici que de ceux qui sont antérieurs à Hippocrate
ou, à peu près, scs contemporains) sont rempiis de détails sur i'aiimentation ; je
mentionne particulièrement dans cette note Chionide, Cratinus, Cratès, Phérécrate,
Téiéciides, Eupolis, dont presque tous ies fragments contiennent queiques rensei-
gnements. Cf. Aristopli. fLmœ, 338 (uvaye daporc; voy. Soph., fragm. 743); Paæ 713
(xuxetov); Feypa?, 491, suiv. ; 810 (.suc dgpUXaKc); FyMU.,1166, suiv. ; AcAa/'H.,
873, suiv., et 1098, suiv. Fragm. 10, 180, 190, 200, 201, 205, 249, 252, 267, 301,
302, 344, 345, 359, 364, 365, 366, 367, 379, 380, 421, 476, 529, enfin 610.
(2) Ibycus (vers l'an 539 av. J.-C.), fragm. 46. — Cf. aussi Oribase, t. H, p. 875,
la note du cliap. 3, liv. X, sur l'histoire des bains minéraux.
(3) 7'ruc/nH., 634.
(4) Ue/fMûP, fragm. 2,—a'.Avtov.
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de son temps ; mais je me contente de tes indiquer ici aux personnes
qui voudraient s'occuper d'une histoire particutière de l'hygiène,
ou du moins de l'alimentation (1).
C'est à cette époque reculée que se trouve la plus ancienne men-
tion des sources d'eaux minérales (elles étaient consacrées à Hercule)
et des bains qu'on y prenait (2). Sophocle (3) parie aussi des bains
chauds du mont OEta, bains qui paraissent avoir été fréquentés; et
le poète Cratès (vers l'an 449-424), à propos des bains chauds où il
veut conduire ses amis (4), mentionne une espèce de maison de santé
ou d'hôpital (nusocoMMioM), placé près de la mer, sous l'invocation
de Pæon, médecin des dieux, et désigné par le motpæo?2<fm?2, comme
les temples d'Esculape s'appelaient Ce passage de Cratès
est d'autant plus important à signaler qu'il est unique et qu'il se
rapporte à un établissement médical dirigé peut-être par des laïques
et différent des temples d'Esculape.
Ce premier regard que nous venons de jeter vers l'horizon le plus
reculé de notre histoire n'a pas été sans profit ni sans intérêt. Les
premières assises sont désormais posées; nous verrons maintenant le
monument s'élever peu à peu et prendre des proportions de plus en
plus régulières. Les théories vont intervenir pour expliquer et ras-
sembler sous certaines lois les faits que l'expérience a multipliés;
imaginées en partie par des médecins et en partie par des philosophes,
ou, si vous voulez, par desp/q/sicie?2$ qui avaient la prétention, mal
justifiée, de connaître la nature, ces théories sont ce qu'elles pou-
vaient être en dehors de toute notion positive de physiologie, c'est-
à-dire très-vagues, et n'ayant d'autre soutien que les manifestations
les plus grossières de la vie normale et de la vie pathologique.
Après Solon, la scène médicale s'agrandit, les renseignements de-
viennent plus nombreux et plus précis; deux voies parallèles, mais
(1) Les Comiques (je ne parle ici que de ceux qui sont antérieurs à Hippocrate
ou, à peu près, scs contemporains) sont rempiis de détails sur i'aiimentation ; je
mentionne particulièrement dans cette note Chionide, Cratinus, Cratès, Phérécrate,
Téiéciides, Eupolis, dont presque tous ies fragments contiennent queiques rensei-
gnements. Cf. Aristopli. fLmœ, 338 (uvaye daporc; voy. Soph., fragm. 743); Paæ 713
(xuxetov); Feypa?, 491, suiv. ; 810 (.suc dgpUXaKc); FyMU.,1166, suiv. ; AcAa/'H.,
873, suiv., et 1098, suiv. Fragm. 10, 180, 190, 200, 201, 205, 249, 252, 267, 301,
302, 344, 345, 359, 364, 365, 366, 367, 379, 380, 421, 476, 529, enfin 610.
(2) Ibycus (vers l'an 539 av. J.-C.), fragm. 46. — Cf. aussi Oribase, t. H, p. 875,
la note du cliap. 3, liv. X, sur l'histoire des bains minéraux.
(3) 7'ruc/nH., 634.
(4) Ue/fMûP, fragm. 2,—a'.Avtov.