DEUX ÉPITAPHES ROMAINES DE FEMMES
53
Lettres de l'abbé Jean-Baptiste Boisot au P. André de Saint-Nicolas b relatant
la découverte du tombeau de Cæsonia Donata et essayant d'en interpréter
l'épitaphe. (Bibliothèque de la ville de Besançon.) — 17 août-25 oet. 1694.
R. P. Andreæ Jo. Bapt. Boisotus S. P. D.
Quod tibi me tardius aliquantô quam promiseram de sepulchro San-Ferrueiano
seripsisse quereris non ægre fero. Id enim tuæ in me singularis benevolentiæ
signum et prompti erga curiosa omnia animi indicium est. Sed nosti urbis
incommoda, et quam parùm mihi arbitratu meo vivere liceat, ignoscesque
homini plerunque non suo. Hac præcipue de causâ Buïram 2 (hoc enim nomine
utar, quod tibi debeo) venio frequentius, ut et legere, et rescribere, et aliquandô
etiam, fatendum quippe est, nihil agere, cum libuerit, possim. Cave autem
credas Morello3 meo me inscriptionis hujus exemplum misisse, tui, ut malè
suspicaris, oblitum. Nam hilariores hominis eruditi ac festivissimi musas exci-
tare volui, ridiculæ litis narratione; tibi, non sepulchri modo, sed et cippi
sepulchro impositi exemplar pictoris manu exactè descriptum, ut sperabam,
primo quoque tempore missurus. Sed mea me hac in re fefeliit opinio. Cippi
etenim Vesontionem advehendi nulla hactenus fuit occasio commoda. Itaque
sepulchri solius epigraphem, ne tuam diutius palientiam onerarem, tibi mittere
coactus sum, ut nudius tertius feci : hæc ad purgandam mearn, uttu putas,
negligentiam. Nunc ad epistolam tuam venio. Risi enimvero, et ex animo quidem,
prædarum illud inscriptionis istius exemplum a Clerico 4 ad te transmissum,
quo te in sententiam suam traheret. Sed vir oculatissimus nihil in sepulchro
illo præter plumbum videbat. Hinc et RESIPISCAT, opportunum sane in
1. Le P. André de Saint-Nicolas, carme de l'ancienne observance, était alors à
Dijon, employé par l'abbé Fyot de la Marche à l'élaboration d'une Histoire de l'é¬
glise abbatiale et collégiale de Saint-Etienne de Dijon, qui vit le jour en 1676. La
collaboration du P. André de Saint-Nicolas est reconnue dans le paragraphe final
de l'avertissement qui précède cet ouvrage. Le P. André, érudit aussi laborieux que
remuant, avait cherché à s'avancer dans les bonnes grâces de Colbert en révélant
des titres qui auraient donné un complément de lustre aux origines de la Maison de
Bourbon : ces titres, envoyés au ministre en 1682, furent déclarés absolument faux.
Le P. André, dont le nom de famille est écrit Vio dans les dépêches de Colbert à
l'intendant du Bourbonnais Jubert de Bouville (Bibl. nat., mss. Clairambault, 466
et 467), était né à Remiremont en 1637 ; il mourut à Besançon, le 19 mars 1713,
âgé de 76 ans, laissant, entre autres travaux manuscrits, un Pouillé des bénéfices ec-
clésiasigues du diocèse de Besançon, qui est conservé aux Archives du département
du Doubs. M. Jules Gauthier a publié une notice sur cet érudit dans les Mémoires
de l'Académie de Besançon, ann. 1873, liv. 1, pp. 137-153.
2. Il s'agit du village de Beure, situé à cinq kilomètres au sud-ouest de Besan-
çon. La maison de plaisance qu'y occupait l'abbé Boisot existe encore : elle est dans
un cirque de rochers, agrémenté de cascades, que l'on appelle le Bout-du-Monde.
3. Le personnage ainsi désigné était Etienne Moreau, avocat général près la
Cour des comptes de Bourgogne et Bresse, qui devait bientôt écrire une Lettre....
au sujet de la mort de Monsieur Boisot (abbé de Saint- Vincent de Besançon), et la
publier avec des pièces de vers sur le même sujet.
4. Pierre-Gabriel Clerc, marchand, citoyen de Besançon, propriétaire du terrain
dans lequel le sarcophage avait été trouvé.
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Lettres de l'abbé Jean-Baptiste Boisot au P. André de Saint-Nicolas b relatant
la découverte du tombeau de Cæsonia Donata et essayant d'en interpréter
l'épitaphe. (Bibliothèque de la ville de Besançon.) — 17 août-25 oet. 1694.
R. P. Andreæ Jo. Bapt. Boisotus S. P. D.
Quod tibi me tardius aliquantô quam promiseram de sepulchro San-Ferrueiano
seripsisse quereris non ægre fero. Id enim tuæ in me singularis benevolentiæ
signum et prompti erga curiosa omnia animi indicium est. Sed nosti urbis
incommoda, et quam parùm mihi arbitratu meo vivere liceat, ignoscesque
homini plerunque non suo. Hac præcipue de causâ Buïram 2 (hoc enim nomine
utar, quod tibi debeo) venio frequentius, ut et legere, et rescribere, et aliquandô
etiam, fatendum quippe est, nihil agere, cum libuerit, possim. Cave autem
credas Morello3 meo me inscriptionis hujus exemplum misisse, tui, ut malè
suspicaris, oblitum. Nam hilariores hominis eruditi ac festivissimi musas exci-
tare volui, ridiculæ litis narratione; tibi, non sepulchri modo, sed et cippi
sepulchro impositi exemplar pictoris manu exactè descriptum, ut sperabam,
primo quoque tempore missurus. Sed mea me hac in re fefeliit opinio. Cippi
etenim Vesontionem advehendi nulla hactenus fuit occasio commoda. Itaque
sepulchri solius epigraphem, ne tuam diutius palientiam onerarem, tibi mittere
coactus sum, ut nudius tertius feci : hæc ad purgandam mearn, uttu putas,
negligentiam. Nunc ad epistolam tuam venio. Risi enimvero, et ex animo quidem,
prædarum illud inscriptionis istius exemplum a Clerico 4 ad te transmissum,
quo te in sententiam suam traheret. Sed vir oculatissimus nihil in sepulchro
illo præter plumbum videbat. Hinc et RESIPISCAT, opportunum sane in
1. Le P. André de Saint-Nicolas, carme de l'ancienne observance, était alors à
Dijon, employé par l'abbé Fyot de la Marche à l'élaboration d'une Histoire de l'é¬
glise abbatiale et collégiale de Saint-Etienne de Dijon, qui vit le jour en 1676. La
collaboration du P. André de Saint-Nicolas est reconnue dans le paragraphe final
de l'avertissement qui précède cet ouvrage. Le P. André, érudit aussi laborieux que
remuant, avait cherché à s'avancer dans les bonnes grâces de Colbert en révélant
des titres qui auraient donné un complément de lustre aux origines de la Maison de
Bourbon : ces titres, envoyés au ministre en 1682, furent déclarés absolument faux.
Le P. André, dont le nom de famille est écrit Vio dans les dépêches de Colbert à
l'intendant du Bourbonnais Jubert de Bouville (Bibl. nat., mss. Clairambault, 466
et 467), était né à Remiremont en 1637 ; il mourut à Besançon, le 19 mars 1713,
âgé de 76 ans, laissant, entre autres travaux manuscrits, un Pouillé des bénéfices ec-
clésiasigues du diocèse de Besançon, qui est conservé aux Archives du département
du Doubs. M. Jules Gauthier a publié une notice sur cet érudit dans les Mémoires
de l'Académie de Besançon, ann. 1873, liv. 1, pp. 137-153.
2. Il s'agit du village de Beure, situé à cinq kilomètres au sud-ouest de Besan-
çon. La maison de plaisance qu'y occupait l'abbé Boisot existe encore : elle est dans
un cirque de rochers, agrémenté de cascades, que l'on appelle le Bout-du-Monde.
3. Le personnage ainsi désigné était Etienne Moreau, avocat général près la
Cour des comptes de Bourgogne et Bresse, qui devait bientôt écrire une Lettre....
au sujet de la mort de Monsieur Boisot (abbé de Saint- Vincent de Besançon), et la
publier avec des pièces de vers sur le même sujet.
4. Pierre-Gabriel Clerc, marchand, citoyen de Besançon, propriétaire du terrain
dans lequel le sarcophage avait été trouvé.