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REVUE ARCHÉOLOGIQUE
ment aux Poussots et à Mémont, ainsi qu'à Langres. Ce sont
de petits obélisques à base carrée; cette forme très caractéristique
fait invinciblement songer à celle du menhir dont elle est sans
doute une réminiscence traditionnelle et dont la Haute-Borne,
à Fontaine-sur-Marne (Haute -Marne), — en territoire lingon,
notez, — nous offre le type le plus intéressant, en ce sens qu'elle
marque la transition entre les antiques menhirs anépigraphes,
et les cippes pyramidaux gallo-romains à épitaphe laconique
'comme la célèbre inscription1
VIROMARVS
ISTATILLI
Les petits obélisques lingons me paraissent avoir été façonnés
à l'imitation de ces vieux monuments funéraires celtiques dont la
signification n'avait pas cessé d'être comprise par les popula-
tions indigènes; on y lit le nom du défunt, presque toujours
gaulois, précédé du simple mot monimentum, rarement avec la
formule funéraire d(iis) m[anibus) ; tout cela indique une époque
très voisine de la conquête, alors que l'onomastique et le culte
romains n'avaient pas encore pénétré profondément dans les
usages du pays. C'est en effet ce que semble prouver la mala-
droite interversion des sigles D m, mal comprises par le lapicide,
en M D, qui constituent à elles seules une épitaphe anonyme
inscrite sur un des obélisques des Poussots; sur un autre de
ces obélisques, l'omission intentionnée de la sigle M de Manibus,
à la suite de D, donne à supposer que Carantinus, tout en rendant
hommage aux dieux en général, n'acceptait point la doctrine
romaine des Manes particuliers au défunt.
33° I-i 34° ι-ρ—ϊ
CARAN
MD TINVS
FILM
1. La Haute-Borne, à ! kilomètre est du Châtelet, auprès de la voie romaine, con-
siste en un monolithe ôbéliscal d'environ 6 mètres; elle gît actuellement à terre,
dans la direction du sud au nord, brisée au tiers de son sommet dans sa chute,
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ment aux Poussots et à Mémont, ainsi qu'à Langres. Ce sont
de petits obélisques à base carrée; cette forme très caractéristique
fait invinciblement songer à celle du menhir dont elle est sans
doute une réminiscence traditionnelle et dont la Haute-Borne,
à Fontaine-sur-Marne (Haute -Marne), — en territoire lingon,
notez, — nous offre le type le plus intéressant, en ce sens qu'elle
marque la transition entre les antiques menhirs anépigraphes,
et les cippes pyramidaux gallo-romains à épitaphe laconique
'comme la célèbre inscription1
VIROMARVS
ISTATILLI
Les petits obélisques lingons me paraissent avoir été façonnés
à l'imitation de ces vieux monuments funéraires celtiques dont la
signification n'avait pas cessé d'être comprise par les popula-
tions indigènes; on y lit le nom du défunt, presque toujours
gaulois, précédé du simple mot monimentum, rarement avec la
formule funéraire d(iis) m[anibus) ; tout cela indique une époque
très voisine de la conquête, alors que l'onomastique et le culte
romains n'avaient pas encore pénétré profondément dans les
usages du pays. C'est en effet ce que semble prouver la mala-
droite interversion des sigles D m, mal comprises par le lapicide,
en M D, qui constituent à elles seules une épitaphe anonyme
inscrite sur un des obélisques des Poussots; sur un autre de
ces obélisques, l'omission intentionnée de la sigle M de Manibus,
à la suite de D, donne à supposer que Carantinus, tout en rendant
hommage aux dieux en général, n'acceptait point la doctrine
romaine des Manes particuliers au défunt.
33° I-i 34° ι-ρ—ϊ
CARAN
MD TINVS
FILM
1. La Haute-Borne, à ! kilomètre est du Châtelet, auprès de la voie romaine, con-
siste en un monolithe ôbéliscal d'environ 6 mètres; elle gît actuellement à terre,
dans la direction du sud au nord, brisée au tiers de son sommet dans sa chute,