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REVUE ARCHÉOLOGIQUE
Une action déterminée est exprimée plus clairement encore
dans une faïence du commencement de la période thinite. C'est
un personnage qui des deux bras soulève un vase (fig. 21 rangée
inferieure). L'art ancien de la vallée du Nil et peut-être même
l’art égyptien de tous les temps n’a rien produit de plus parfait
comme groupement que deux représentations d’un enfant avec
sa mère conservées à Berlin et à Londres (fig. 31, 32). 11 est
permis d’en rapprocher deux autres groupes d’un singe et de
ses petits trouvés à Hiéraconpolis et à Abydos ‘. On remarquera
que dans tous ces exemples l’agencement des figures est con-
traire à la loi stricte de la frontalité.
Ainsi, vers le milieu de la Ire dynastie, tous les éléments du
développement futur de la statuaire égyptienne étaient déjà
découverts; les artistes disposaient même alors d’une variété
d’attitudes qui ne se retrouve que rarement plus tard. Les sculp-
teurs étaient même arrivés jusqu'à rendre les traits individuels
d’un personnage. Petrie a découvert à Abydos la statuette en
ivoire d’un roi successeur de la première dynastie (fig. 33). Il
est enveloppé d'un lourd manteau, couvert de riches dessins,
sous lequel disparaissent les formes du corps. Latête s’avance, la
nuque s’arrondit; la couronneblanche, très lourde, fait paraître
la tête trop grande. Les grosses oreilles se détachent fortement,
comme dans les œuvres de style archaïque avancé ; une bouche
large est cerclée de lèvres très fortes ; le menton est pendant et
pointu. Les sourcils font saillie, laprunelle est gravée, les deux
paupières sont indiquées. Le nez semble avoir affecté une forme
aquiline. A une exception près, dont nous parlerons tout à
l’heure, il faut descendre jusqu’au Moyen Empire et puis à la
seconde moitié de la XVIIIe dynastie pour rencontrer une œuvre
aussi personnelle.
Comparées à cette intéressante statuette, on dirait que les statues
en pierre contemporaines, et même de beaucoup postérieures,
marquent une réaction. Voici les deux prêtres accroupis déterrés
1. Quibell, Hiéraconpolis, pl. XVIII; Petrie, Abydos, II pl. V; cf. Capart,
Primitive art, f. 147.
REVUE ARCHÉOLOGIQUE
Une action déterminée est exprimée plus clairement encore
dans une faïence du commencement de la période thinite. C'est
un personnage qui des deux bras soulève un vase (fig. 21 rangée
inferieure). L'art ancien de la vallée du Nil et peut-être même
l’art égyptien de tous les temps n’a rien produit de plus parfait
comme groupement que deux représentations d’un enfant avec
sa mère conservées à Berlin et à Londres (fig. 31, 32). 11 est
permis d’en rapprocher deux autres groupes d’un singe et de
ses petits trouvés à Hiéraconpolis et à Abydos ‘. On remarquera
que dans tous ces exemples l’agencement des figures est con-
traire à la loi stricte de la frontalité.
Ainsi, vers le milieu de la Ire dynastie, tous les éléments du
développement futur de la statuaire égyptienne étaient déjà
découverts; les artistes disposaient même alors d’une variété
d’attitudes qui ne se retrouve que rarement plus tard. Les sculp-
teurs étaient même arrivés jusqu'à rendre les traits individuels
d’un personnage. Petrie a découvert à Abydos la statuette en
ivoire d’un roi successeur de la première dynastie (fig. 33). Il
est enveloppé d'un lourd manteau, couvert de riches dessins,
sous lequel disparaissent les formes du corps. Latête s’avance, la
nuque s’arrondit; la couronneblanche, très lourde, fait paraître
la tête trop grande. Les grosses oreilles se détachent fortement,
comme dans les œuvres de style archaïque avancé ; une bouche
large est cerclée de lèvres très fortes ; le menton est pendant et
pointu. Les sourcils font saillie, laprunelle est gravée, les deux
paupières sont indiquées. Le nez semble avoir affecté une forme
aquiline. A une exception près, dont nous parlerons tout à
l’heure, il faut descendre jusqu’au Moyen Empire et puis à la
seconde moitié de la XVIIIe dynastie pour rencontrer une œuvre
aussi personnelle.
Comparées à cette intéressante statuette, on dirait que les statues
en pierre contemporaines, et même de beaucoup postérieures,
marquent une réaction. Voici les deux prêtres accroupis déterrés
1. Quibell, Hiéraconpolis, pl. XVIII; Petrie, Abydos, II pl. V; cf. Capart,
Primitive art, f. 147.