BIBLIOGRAPHIE 201
P. Saintyves L'éternuement et le bâillement dans la magie, l’ethnographie
et le folklore médical. Paris, Nourry, 1922; in-8, 145 p. — « Ceci est avant
tout un embryon de Corpus sur l’éternuement. Le bâillement n’y est traité
que de façon incidente. » On sait que l’auteur est fort érudit et ne se con-
tente pas d’accumuler des matériaux ; il cherche à interpréter. « Dans la Grèce
d’Homère comme dans l’Allemagne du moyen âge ou les Nouvelles-Hébrides
de nos jours, l'éternuement est un présage. Et qu’il s’agisse de la Rome de
Tibère, de l’Angleterre d’Elisabeth ou de l’Espagne contemporaine, on retrouve
partout des salutations équivalente^ à notre : Dieu vous bénisse. >> L’expli-
cation doit être cherchée dans le domaine du démonisme et des conjurations
magiques qu’on oppose aux esprits malfaisants ; toutes ces analogies relèvent
d’une physiologie animiste qui est encore la physiologie des foules. Aujourd’hui
les gens cultivés ne considèrent plus les éternuements comme des présages ;
mais, à cause même de l’importance qui leur a été attribuée à cet égard, ils
essaient d’en rendre compte scientifiquement (menace de rhume, etc.). « La
magie, qui est au commencement de tout, mène à tout, mais à condition
qu’on en sorte. » Cela est bien dit.
X.
P. Leidecker. Débris de mythes cananéens dans les neuf premiers chapitres
de la. Genèse. Neuchâtel, Delachaux, 1921 ; in-8, 111 p. (thèse de l’Université
de Genève). — L’étude des récits de la Création et du déluge fait découvrir,
sous un replâtrage israélite (p. 9), « une épopée d’inspiration polythéiste qui
paraît cananéenne et dont l’origine se révèle, entre autres indices, par l’emploi
du pluriel elohim, le conseil des dieux. Ces mythes cananéens ont été
composés sur le modèle des grandes 'épopées babyloniennes et peut-être
sumériennes, au temps de la suprématie chaldéenne en Syrie (xxii°-xxe siècle
av. notre ère). « Le conseil des dieux de Genèse I, l’Univers naissant des
profondeurs de la mer primitive, la source de l’Eden donnant naissance à
tous les fleuves de la terre, les deux mythes du déluge, portent une forte
empreinte akkadienne. » Ce que l’auteur croit y distinguer d’essentiel (et telle
est surtout la part d'originalité de son travail), c’est « la puissance créatrice de
la terre, siège de la vie universelle, assurant, par sa sève vivifiante, l’éternelle
résurrection de la nature. » En un mot, un panthéisme hylozoïque. « D’un sol
aride, la Terre avait formé un monde organisé et vivant.... Les puissances de
désordre et de destruction ne tardèrent pas à ébranler les fondements de ce
paradis terrestre... La Nature se ressaisit enfin et crée un monde nouveau
sur les débris du monde ancien. » Travail bien informé, parfois hardi, et dont
on tiendra compte.
S. R.
René Dussaud. Les origines cananéennes du sacrifice israélite. Paris,
Leroux, 1921 ; in-8, 334 p. — Ouvrage considérable, d’une critique indépen-
dante et personnelle, fondé sur ce fait certain qu’entre les tarifs sacrifi-
ciels carthaginois et le Lévitique il y a des analogies qui obligent de conclure
P. Saintyves L'éternuement et le bâillement dans la magie, l’ethnographie
et le folklore médical. Paris, Nourry, 1922; in-8, 145 p. — « Ceci est avant
tout un embryon de Corpus sur l’éternuement. Le bâillement n’y est traité
que de façon incidente. » On sait que l’auteur est fort érudit et ne se con-
tente pas d’accumuler des matériaux ; il cherche à interpréter. « Dans la Grèce
d’Homère comme dans l’Allemagne du moyen âge ou les Nouvelles-Hébrides
de nos jours, l'éternuement est un présage. Et qu’il s’agisse de la Rome de
Tibère, de l’Angleterre d’Elisabeth ou de l’Espagne contemporaine, on retrouve
partout des salutations équivalente^ à notre : Dieu vous bénisse. >> L’expli-
cation doit être cherchée dans le domaine du démonisme et des conjurations
magiques qu’on oppose aux esprits malfaisants ; toutes ces analogies relèvent
d’une physiologie animiste qui est encore la physiologie des foules. Aujourd’hui
les gens cultivés ne considèrent plus les éternuements comme des présages ;
mais, à cause même de l’importance qui leur a été attribuée à cet égard, ils
essaient d’en rendre compte scientifiquement (menace de rhume, etc.). « La
magie, qui est au commencement de tout, mène à tout, mais à condition
qu’on en sorte. » Cela est bien dit.
X.
P. Leidecker. Débris de mythes cananéens dans les neuf premiers chapitres
de la. Genèse. Neuchâtel, Delachaux, 1921 ; in-8, 111 p. (thèse de l’Université
de Genève). — L’étude des récits de la Création et du déluge fait découvrir,
sous un replâtrage israélite (p. 9), « une épopée d’inspiration polythéiste qui
paraît cananéenne et dont l’origine se révèle, entre autres indices, par l’emploi
du pluriel elohim, le conseil des dieux. Ces mythes cananéens ont été
composés sur le modèle des grandes 'épopées babyloniennes et peut-être
sumériennes, au temps de la suprématie chaldéenne en Syrie (xxii°-xxe siècle
av. notre ère). « Le conseil des dieux de Genèse I, l’Univers naissant des
profondeurs de la mer primitive, la source de l’Eden donnant naissance à
tous les fleuves de la terre, les deux mythes du déluge, portent une forte
empreinte akkadienne. » Ce que l’auteur croit y distinguer d’essentiel (et telle
est surtout la part d'originalité de son travail), c’est « la puissance créatrice de
la terre, siège de la vie universelle, assurant, par sa sève vivifiante, l’éternelle
résurrection de la nature. » En un mot, un panthéisme hylozoïque. « D’un sol
aride, la Terre avait formé un monde organisé et vivant.... Les puissances de
désordre et de destruction ne tardèrent pas à ébranler les fondements de ce
paradis terrestre... La Nature se ressaisit enfin et crée un monde nouveau
sur les débris du monde ancien. » Travail bien informé, parfois hardi, et dont
on tiendra compte.
S. R.
René Dussaud. Les origines cananéennes du sacrifice israélite. Paris,
Leroux, 1921 ; in-8, 334 p. — Ouvrage considérable, d’une critique indépen-
dante et personnelle, fondé sur ce fait certain qu’entre les tarifs sacrifi-
ciels carthaginois et le Lévitique il y a des analogies qui obligent de conclure