366 REVUE ARCHÉOLOGIQUE
tituer, dans son essence, l'apocalypse juive du temps de Néron, d’en distinguer
un poème juif sur la destruction de Rome et enfin l’œuvre très une, malgré la
diversité de ses sources, du prophète Jean, dernier rédacteur. « L’Apocalypse
de Jean se rapporte aux chrétiens, non aux juifs, aux tracas de quelques petites
églises, non au sort tragique d'une nation écrasée. L'Apocalypse de Jean est
peut-être la plus belle, mais les fragments apocalyptiques qu’elle a englobés
étaient les échos d’événements plus grands. » Tout cela est bien pensé et bril-
lamment écrit.
S. R.
A. Delatte. Essai sur la politique pythagoricienne. Paris, Champion, 1922;
in-8, xi-295 p. — Ce savant ouvrage n’est pas destiné au grand public (il fau-
drait qu’on lui en donnât un, afin de remplacer le livre de Chaignet). C’est,
pour une part importante, une étude de sources, conduite avec autant de péné-
tration que de savoir. Comment se sont formées les tendances politiques du
Pythagorisme? A quelle époque et sous quelle forme se manifesta d’abord cette
activité? Quelle évolution a-t-elle subi? Qui exerçait, dans le sein de l’As-
sociation, la puissance politique? Telles sont quelques-unes des questions
auxquelles répond la première partie. Le Pythagorisme n’a pas remplacé la
démocratie par l’aristocratie ou la ploutocratie; mais trouvant installé ce « gou-
vernement des meilleurs », qui lui permettait d’exercer librement son influence,
il a combattu les tendances démocratiques qui .menaçaient à la fois l’ordre
établi et l’existence de la Société. La seconde partie est un recueil de textes
pythagoriciens, commentés et traduits, qui ont trait à la politique; l’auteur a
institué des rapprochements très intéressants entre ces textes et les concep-
tions des théoriciens politiques du ive siècle, Socrate, Xénophon, Platon, Aris-
tote. La troisième partie étudie la période troublée de l’histoire des cités de la
Grande Grèce où la Société pythagoricienne, en conflit avec des oppositions
d’économie et de doctrine, finit par succomber, histoire très obscure, où les
contradictions abondent et que la critique des sources peut seule éclairer. L’au-
teur s’est montré à la hauteur d’une tâche difficile et s’est avéré bon philologue
au sens le plus élevé de ce mot.
S. R.
J. Bidez et F. Cumont. luliani imperatoris epistulae, leqes, poematia, frag-
menta varia. Paris, « Les Belles-Lettres », 1922, in-8, xxvi-328 p. —Voici le
produit du travail de bien des années, car M. Cumont s’est occupé du texte de
Julien dès 1889. Celui des petits écrits de l’Apostat offre des difficultés parti-
culières, dues surtout au caprice des Byzantins qui en ont fait des recueils.
Suidas citait, au x« siècle, des lettres que nous ignorons; Tzelzès, au xne, ne
possédait plus que les nôtres; mais beaucoup de fragments ou d’échos de lettres
perdus se trouvent dans Ammien, dans Libanius et ailleurs. MM. Cumont et
Bidez ont presque tout vu et collationné (omnes codices ipsi contulimus prae-
ter paucissimos détériorés, p. xvn). L’ordre adopté dans les nombreux manus-
crits étant variable et arbitraire, il ne pouvait être question de retrouver la
tituer, dans son essence, l'apocalypse juive du temps de Néron, d’en distinguer
un poème juif sur la destruction de Rome et enfin l’œuvre très une, malgré la
diversité de ses sources, du prophète Jean, dernier rédacteur. « L’Apocalypse
de Jean se rapporte aux chrétiens, non aux juifs, aux tracas de quelques petites
églises, non au sort tragique d'une nation écrasée. L'Apocalypse de Jean est
peut-être la plus belle, mais les fragments apocalyptiques qu’elle a englobés
étaient les échos d’événements plus grands. » Tout cela est bien pensé et bril-
lamment écrit.
S. R.
A. Delatte. Essai sur la politique pythagoricienne. Paris, Champion, 1922;
in-8, xi-295 p. — Ce savant ouvrage n’est pas destiné au grand public (il fau-
drait qu’on lui en donnât un, afin de remplacer le livre de Chaignet). C’est,
pour une part importante, une étude de sources, conduite avec autant de péné-
tration que de savoir. Comment se sont formées les tendances politiques du
Pythagorisme? A quelle époque et sous quelle forme se manifesta d’abord cette
activité? Quelle évolution a-t-elle subi? Qui exerçait, dans le sein de l’As-
sociation, la puissance politique? Telles sont quelques-unes des questions
auxquelles répond la première partie. Le Pythagorisme n’a pas remplacé la
démocratie par l’aristocratie ou la ploutocratie; mais trouvant installé ce « gou-
vernement des meilleurs », qui lui permettait d’exercer librement son influence,
il a combattu les tendances démocratiques qui .menaçaient à la fois l’ordre
établi et l’existence de la Société. La seconde partie est un recueil de textes
pythagoriciens, commentés et traduits, qui ont trait à la politique; l’auteur a
institué des rapprochements très intéressants entre ces textes et les concep-
tions des théoriciens politiques du ive siècle, Socrate, Xénophon, Platon, Aris-
tote. La troisième partie étudie la période troublée de l’histoire des cités de la
Grande Grèce où la Société pythagoricienne, en conflit avec des oppositions
d’économie et de doctrine, finit par succomber, histoire très obscure, où les
contradictions abondent et que la critique des sources peut seule éclairer. L’au-
teur s’est montré à la hauteur d’une tâche difficile et s’est avéré bon philologue
au sens le plus élevé de ce mot.
S. R.
J. Bidez et F. Cumont. luliani imperatoris epistulae, leqes, poematia, frag-
menta varia. Paris, « Les Belles-Lettres », 1922, in-8, xxvi-328 p. —Voici le
produit du travail de bien des années, car M. Cumont s’est occupé du texte de
Julien dès 1889. Celui des petits écrits de l’Apostat offre des difficultés parti-
culières, dues surtout au caprice des Byzantins qui en ont fait des recueils.
Suidas citait, au x« siècle, des lettres que nous ignorons; Tzelzès, au xne, ne
possédait plus que les nôtres; mais beaucoup de fragments ou d’échos de lettres
perdus se trouvent dans Ammien, dans Libanius et ailleurs. MM. Cumont et
Bidez ont presque tout vu et collationné (omnes codices ipsi contulimus prae-
ter paucissimos détériorés, p. xvn). L’ordre adopté dans les nombreux manus-
crits étant variable et arbitraire, il ne pouvait être question de retrouver la