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Ravaisson, Félix
Le monument de Myrrhine et les bas-reliefs funéraires des Grecs en général — Paris, 1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6639#0032
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— 25 —

inscrit le nom de Dexiléos, c'est toujours le même sujet, avec cette
nuance seulement que les morts sont représentés ici soit se divertis-
sant, soit même s'occupant encore de ce qui les occupa sur la terre,
donnant cours à ce qui fut toujours leur penchant, et complaisant
ainsi à leur génie, selon l'expression antique, avec cette nuance, en un
mot, que l'idée du repos le cède à l'idée, après tout principale, du
contentement, de la félicité (i).

IV.

Comment comprendre, maintenant, que tant d'interprètes éminents
de l'antiquité n'aient pu encore, sur ce point capital, découvrir et
mettre en lumière la vérité, ou que ceux qui l'avaient du moins en-
trevue ou indiquée (Buonarroti, Passeri, Gori, Cuper, Ottfried Mill-
ier, etc.), n'aient pu obtenir l'adhésion de tous? C'est qu'aux idées des
anciens sur la nature de l'âme et sur sa destinée il se mêle en quelque
sorte une part de matérialité d'où résulte dans une grande partie de
leurs représentations funéraires certaine ambiguïté.

Tout en concevant dès le principe l'âme comme étant de nature
immortelle et divine , les anciens y voient généralement une sorte
d'ombre et d'image du corps; ils ne peuvent voir, en conséquence,
dans la vie de l'âme qu'une image de la vie terrestre : c'est un rêve
dans lequel se répète ce qui fut la réalité. Il en résulte que les repré-
sentations de la vie élyséenne ne diffèrent le plus souvent en rien de
ce que seraient des tableaux de la vie terrestre; et de là les incerti-
tudes et les erreurs des modernes.

Les philosophes en vinrent de bonne heure à cette pensée que si
l'âme était, selon la croyance universelle, chose immortelle et divine,
c'était elle qui était, plus que le corps, vérité et réalité; c'était la vie

(1) On peut admettre cependant qu'on a pu
quelquefois représenter sur un monument funéraire
une action qu'avait accomplie le défunt. Mais ce

ne purent être que de rares exceptions, limitées ;'i
des actions d'éclat.
 
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