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muletières à travers des fouillis de montagnes jusque-là
impénétrables. On fit, même à celle époque, une explo-
ration nautique, dans l'oued Sahel, dans le but de recon-
naître la possibilité de canaliser cette rivière el de l'utili-
ser comme jadis au transport des bois. Les tribus rive-
raines s'empressèrent de fournil', chaque jour, pendant
toute la durée de l'exploration, un certain nombre
d'hommes pour haler la barque remontant le cours de la
rivière, depuis Bougie jusqu'au Bou Seliam, à vingt lieues
dans les terres (1).
La situation politique du cercle de Bougie était des
plus satisfaisantes, lorsque se connut la nouvelle de la
guerre d'Orient. Le cherif Bou Bar'la, qui, après ses nom-
breux échecs et faute de partisans, 6 Lai t. réduit à vivre
dans l'obscurité chez les Zouaoun, où il s'élait réfugié,
recommença en mars 1854, à s'agiter el à fomenler de
nouvelles intrigues. Les commentaires les plus absurdes
étaient répandus : le sullan de Conslantinople, disait-on
cbez les Kabiles, nous avait ordonné d'abandonner l'Al-
gérie, que l'on avait consenti à nous laisser garder quel-
ques années et à la rendre ensuite aux musulmans. On
ajoutait aussi que nous allions en Orient pour combattre
ce même sultan, et que le moment élail venu de faire un
suprême effort pour nous chasser du pays. Tous ces bruits
étaient propagés par des émissaires du cherif, qui parcou-
raient secrètement les tribus; les populations semblaient
préoccupées, dans l'attente d'un événement extraordi-
naire; une inquiétude générale se manifestait; les arriva-
ges à Bougie étaient suspendus, les marchés étaient en
(1) Je lus chargé de l'aire cette exploration nautique, dont j'ai publié
le compte-rendu dans la Revue africaine (voir t. 2, p. 372).
muletières à travers des fouillis de montagnes jusque-là
impénétrables. On fit, même à celle époque, une explo-
ration nautique, dans l'oued Sahel, dans le but de recon-
naître la possibilité de canaliser cette rivière el de l'utili-
ser comme jadis au transport des bois. Les tribus rive-
raines s'empressèrent de fournil', chaque jour, pendant
toute la durée de l'exploration, un certain nombre
d'hommes pour haler la barque remontant le cours de la
rivière, depuis Bougie jusqu'au Bou Seliam, à vingt lieues
dans les terres (1).
La situation politique du cercle de Bougie était des
plus satisfaisantes, lorsque se connut la nouvelle de la
guerre d'Orient. Le cherif Bou Bar'la, qui, après ses nom-
breux échecs et faute de partisans, 6 Lai t. réduit à vivre
dans l'obscurité chez les Zouaoun, où il s'élait réfugié,
recommença en mars 1854, à s'agiter el à fomenler de
nouvelles intrigues. Les commentaires les plus absurdes
étaient répandus : le sullan de Conslantinople, disait-on
cbez les Kabiles, nous avait ordonné d'abandonner l'Al-
gérie, que l'on avait consenti à nous laisser garder quel-
ques années et à la rendre ensuite aux musulmans. On
ajoutait aussi que nous allions en Orient pour combattre
ce même sultan, et que le moment élail venu de faire un
suprême effort pour nous chasser du pays. Tous ces bruits
étaient propagés par des émissaires du cherif, qui parcou-
raient secrètement les tribus; les populations semblaient
préoccupées, dans l'attente d'un événement extraordi-
naire; une inquiétude générale se manifestait; les arriva-
ges à Bougie étaient suspendus, les marchés étaient en
(1) Je lus chargé de l'aire cette exploration nautique, dont j'ai publié
le compte-rendu dans la Revue africaine (voir t. 2, p. 372).