Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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plus riants. Figurez-vous un delta coupé, en tous sens,
par des rues droites, bordées de platanes de la plus belle
venue, des groupes de riantes petites maisons disposées
en échiquier, des jardins émaillés de fleurs et de bosquets
touffus, dont une face est baignée par la mer et l'autre
adossée à une colline tapissée de verdure, de caroubiers,
d'oliviers et de myrlbes, au sommet de laquelle s'élève
une tour servant à la fois d'horloge et de sémaphore pour
signaler l'approche des bateaux à vapeur venant d'Alger
ou de Bône.

Plus loin, s'élèvent des étages successifs de collines, aux
formes capricieuses, avec cette harmonieuse combinaison
de coteaux verdoyants, de bois échelonnés les uns au-
dessus des autres et de gorges étroites et profondes,
remplies d'une végétation active. L'attention s'arrête, avec
un extrême plaisir, sur tous les détails de ce ravissant
paysage, brillant et riche en couleurs, qui s'étend à perte
de vue, depuis la plage où écume la vague azurée, jus-
qu'au sommet du rideau, si pittoresque et si mouvementé,
des montagnes de la Kabihe orientale, couvertes de neige
pendant la majeure partie de l'année.

On a eu l'heureuse pensée de donner aux rues et aux
places de la nouvelle ville des noms qui évoquent les
souvenirs du passé, tels que : place Louis XIV, rue des
Gardes-Françaises, de Picardie, de Normandie, de Navarre,
des Volontaires, ou bien encore de Gadâgne, de Vivonne,
de Castellan, de la Guillotière, de Mon Igï mont, de Haute-
feuille, de Lionne, de Paul, de Marsan, et autres, rappe-
lant, aux habitants du pays et aux touristes de passage,
qu'il y a plus de deux siècles, nos soldats posèrent déjà
une première fois le pied sur cette plage africaine.