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avant de rendre le dernier soupir, il réunit ses nombreux
élèves, et leur dit : « Pénétrez dans les bois qui entourent
Mila ; vous y trouverez une grotte (kheloua) préparée pour
me recevoir et être, pour la postérité, l'objet de la véné-
ration qui m'est due. »
La zaouïa de Sidi Bou-Yahïa est siluée sous un bois
d'oliviers, à l'extrémité ouest des jardins qui entourent,
comme une fraîche et verdoyante oasis, la petite ville de
Mila. L'établissement est de peu d'importance ; il se com-
pose de deux chambres réservées aux lolba et aux voya-
geurs, du bit-es-selat, chambre des prières, sous laquelle
se trouve le tombeau du marabout, auquel on arrive en
descendant une dizaine de marches de construction in-
digène. Les cinq premières marches conduisent à une
grotte naturelle de deux mètres carrés environ; les cinq
dernières donnent accès à la «Toile inférieure, au-milieu
de laquelle se trouve le tombeau, recouvert d'étendards
religieux. Rien, dans ces grottes, ne m'a semblé annoncer
le travail des hommes; les architectes du pays se sont
bornés à blanchir l'intérieur et à fermer chacune d'elles
par une petite porte fixée à une murelle en maçonnerie.
Les indigènes qui y pénètrent n'en sortent qu'à reculons
et très révérencieusement.
La zaouïa jouissait jadis de grands privilèges et recevait
de nombreux présents ; son enceinte protégeait aussi
quiconque y cherchait un refuge contre la justice des
hommes. Les miracles attribués à Sidi Bou-Yahïa sont
nombreux ; les habitants de Mila s'empressent d'en faire
le récit à tous ceux qui vont le visiter; ils citent plusieurs
individus qui, ayant prêté un faux serment au nom du
marabout, ou n'ayant pas accompli un vœu formé dans
avant de rendre le dernier soupir, il réunit ses nombreux
élèves, et leur dit : « Pénétrez dans les bois qui entourent
Mila ; vous y trouverez une grotte (kheloua) préparée pour
me recevoir et être, pour la postérité, l'objet de la véné-
ration qui m'est due. »
La zaouïa de Sidi Bou-Yahïa est siluée sous un bois
d'oliviers, à l'extrémité ouest des jardins qui entourent,
comme une fraîche et verdoyante oasis, la petite ville de
Mila. L'établissement est de peu d'importance ; il se com-
pose de deux chambres réservées aux lolba et aux voya-
geurs, du bit-es-selat, chambre des prières, sous laquelle
se trouve le tombeau du marabout, auquel on arrive en
descendant une dizaine de marches de construction in-
digène. Les cinq premières marches conduisent à une
grotte naturelle de deux mètres carrés environ; les cinq
dernières donnent accès à la «Toile inférieure, au-milieu
de laquelle se trouve le tombeau, recouvert d'étendards
religieux. Rien, dans ces grottes, ne m'a semblé annoncer
le travail des hommes; les architectes du pays se sont
bornés à blanchir l'intérieur et à fermer chacune d'elles
par une petite porte fixée à une murelle en maçonnerie.
Les indigènes qui y pénètrent n'en sortent qu'à reculons
et très révérencieusement.
La zaouïa jouissait jadis de grands privilèges et recevait
de nombreux présents ; son enceinte protégeait aussi
quiconque y cherchait un refuge contre la justice des
hommes. Les miracles attribués à Sidi Bou-Yahïa sont
nombreux ; les habitants de Mila s'empressent d'en faire
le récit à tous ceux qui vont le visiter; ils citent plusieurs
individus qui, ayant prêté un faux serment au nom du
marabout, ou n'ayant pas accompli un vœu formé dans