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descendant du prophète. Celle origine, comme tout ce qui
se rattache aux traditions religieuses en pays arabe, est
fabuleuse. Ainsi, la tradition rapporte que le premier
des Moula-Chokfa, — Sidi Mohammed-el-Abed, — taleb
de l'importante mosquée de Sidi Dris, venant du Maroc
vers le XVIe siècle, s'embarqua sur une natte qui, docile
à sa volonté, vint s'échouer à l'embouchure de l'oued el-
Kebir. Les Kabiles, voyant arriver cet inconnu sur cet
étrange bâtiment, lui donnèrent le nom de Moula-Chokfa,
— le maître de la barque. Le marabout s'élablit chez les
Oulad-Chebel, petite fraction des Beni-Habibi, où son
tombeau existe encore dans une mosquée dont il est le
fondateur. Il laissa trois enfants mâles, dont la tradition
n'a pas conservé le nom. La véritable filiation commence
à Sidi Abd-Allah, lequel fixa sa résidence aux Oulad-
Amor, fraction des Beni-Ider, où il fit à son tour cons-
truire une mosquée dont on voit encore les ruines, et
près de laquelle il créa un marché.
Sidi Abd-Allah, d'après la chronique, ayant appris que
les Espagnols (expédition d'Oreilly), venaient de débarquer
à Alger, traversa la mer à pied sec, comme un second
Moïse, et contribua puissamment à expulser les infidèles
(1). Pendant la nuit qui précéda le désastre des Espagnols,
on vit au premier rang des combattants un guerrier qui
frappait à coups redoublés, en criant : Courage, musul-
mans ! Suivez-moi; je suis Abd-Allah-Moula-Chokfa; je
(i) Les conteurs de légendes ne sont pas d'accord: les uns prétendent
que, remettant sa natte merveilleuse à flot, le marabout s'en servit pour
se transporter rapidement à Alger ; d'autres assurent qu'à l'aide d'une
baguette, il touchait la mer, qui s'écartait devant lui pour lui livrer
passage.
descendant du prophète. Celle origine, comme tout ce qui
se rattache aux traditions religieuses en pays arabe, est
fabuleuse. Ainsi, la tradition rapporte que le premier
des Moula-Chokfa, — Sidi Mohammed-el-Abed, — taleb
de l'importante mosquée de Sidi Dris, venant du Maroc
vers le XVIe siècle, s'embarqua sur une natte qui, docile
à sa volonté, vint s'échouer à l'embouchure de l'oued el-
Kebir. Les Kabiles, voyant arriver cet inconnu sur cet
étrange bâtiment, lui donnèrent le nom de Moula-Chokfa,
— le maître de la barque. Le marabout s'élablit chez les
Oulad-Chebel, petite fraction des Beni-Habibi, où son
tombeau existe encore dans une mosquée dont il est le
fondateur. Il laissa trois enfants mâles, dont la tradition
n'a pas conservé le nom. La véritable filiation commence
à Sidi Abd-Allah, lequel fixa sa résidence aux Oulad-
Amor, fraction des Beni-Ider, où il fit à son tour cons-
truire une mosquée dont on voit encore les ruines, et
près de laquelle il créa un marché.
Sidi Abd-Allah, d'après la chronique, ayant appris que
les Espagnols (expédition d'Oreilly), venaient de débarquer
à Alger, traversa la mer à pied sec, comme un second
Moïse, et contribua puissamment à expulser les infidèles
(1). Pendant la nuit qui précéda le désastre des Espagnols,
on vit au premier rang des combattants un guerrier qui
frappait à coups redoublés, en criant : Courage, musul-
mans ! Suivez-moi; je suis Abd-Allah-Moula-Chokfa; je
(i) Les conteurs de légendes ne sont pas d'accord: les uns prétendent
que, remettant sa natte merveilleuse à flot, le marabout s'en servit pour
se transporter rapidement à Alger ; d'autres assurent qu'à l'aide d'une
baguette, il touchait la mer, qui s'écartait devant lui pour lui livrer
passage.