Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

ceci, que Jouber, instruit de leurs dispositions à son
égard, s'entourait des précautions les plus minutieuses
pour garantir son existence. Il ne se faisait raser la tête
que par son neveu Rabah, dans lequel il avait confiance.

Ses ennemis, ne sachant trop comment s'en débarrasser,
cherchèrent à séduire son neveu, en lui persuadant que,
s'il coupait la tête de son oncle, ils le reconnaîtraient
pour leur chef. Le jeune homme se laissa séduire par ces
belles promesses et, un jour qu'il rasait son oncle, il lui
coupa la gorge. Ceux qui l'avaient poussé à ce crime,
loin de le reconnaître pour leur chef, le poursuivirent de
leurs plaisanteries.

Après avoir patienté quelque temps, Rabah résolut de
se venger de ceux qui lui avaient suggéré la pensée du
crime et qui ne tenaient pas leurs promesses. Voici le
moyen qu'il employa : il les invita à un grand festin et
les réunit tous chez lui; il avait, préalablement, disposé
des amas de poudre dans certaines parties de la maison,
en les faisant communiquer entre eux. La journée se
passa, et la fête se prolongea jusque dans la nuit. Dès
que Rabah les vit tous disposés à s'endormir, il sortit,
sous prétexte de rejoindre sa femme, ferma la porte et
partit en grande hâte, sur un mulet préparé d'avance,
avec sa femme et ses effets les plus précieux. Il avait laissé
un nègre, son serviteur, muni d'une mèche avec laquelle
il devait mettre le feu à un endroit désigné. Le nègre
obéit et, d'un seul coup, tous les ennemis de Rabah se
trouvèrent engloutis. Il vint alors s'installer aux Beni-
'Amran, où il mourut, laissant quatre fils : Meniâ, El-
Haddad, Tellis et Nacer. Ces trois derniers se liguèrent
contre leur aîné, Meniâ, qui dut se sauver chez les Beni-