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Féraud, Charles L.: Histoire des villes de la province de Constantine
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Le comte de Gadagne, de son côté, manquait, de celte
souplesse d'esprit nécessaire pour gouverner ceux à qui
l'on doit obéir. Il s'acquittait de son devoir avec sagesse
et fermeté; aucun reproche ne pouvait lui être fait; mais
rebuté par les contradictions éternelles qu'il éprouvait,
il s'était peu à peu éloigné du duc de Beauforl et dès au-
tres chefs de l'armée. Par cette vie retirée et sévère, il
achevait de détruire lui-même tout le crédit que ses en-
vieux voulaient lui ôter.
Avant même l'arrivée à Gigelli, les défiances et les
soupçons existaient. On avait mis à la voile avec ces mau-
vaises dispositions qui s'étaient encore augmentées [ten-
dant le séjour qu'on avait fait a Majorque. Aussitôt après
le débarquement, les cabales, auparavant cachées ou dé-
guisées, avaient commencé à paraître au grand jour. Les
officiers, partagés en deux camps, agissaient d'après leurs
sympathies, el le service en souffrait d'autant. La Guillo-
tière, surtout, était l'ennemi de Gadagne et ne lui obéis-
sait qu'à regret. « On eût dit que, de cotte petite armée,
il s'en faisait deux, où, non seulement les personnes de
marque, mais jusqu'aux valets, s'enrôlaient à l'envi, les
uns pour le duc, les autres pour le comte de Gada-
gne. » (1)
Le Gouvernement, instruit de cette mésintelligence,
ordonna au duc de Beaufort de reprendre la mer, laissant
le commandement à Gadagne, avec ordre de fortifier la
position de Gigelli et de s'y établir d'une manière solide.
Pendant tout ce temps, les Turcs étaient parvenus devant
la place, qu'ils attaquaient vigoureusement, en concen-
(1) Pelisson, Histoire de Louis XIV.
Le comte de Gadagne, de son côté, manquait, de celte
souplesse d'esprit nécessaire pour gouverner ceux à qui
l'on doit obéir. Il s'acquittait de son devoir avec sagesse
et fermeté; aucun reproche ne pouvait lui être fait; mais
rebuté par les contradictions éternelles qu'il éprouvait,
il s'était peu à peu éloigné du duc de Beauforl et dès au-
tres chefs de l'armée. Par cette vie retirée et sévère, il
achevait de détruire lui-même tout le crédit que ses en-
vieux voulaient lui ôter.
Avant même l'arrivée à Gigelli, les défiances et les
soupçons existaient. On avait mis à la voile avec ces mau-
vaises dispositions qui s'étaient encore augmentées [ten-
dant le séjour qu'on avait fait a Majorque. Aussitôt après
le débarquement, les cabales, auparavant cachées ou dé-
guisées, avaient commencé à paraître au grand jour. Les
officiers, partagés en deux camps, agissaient d'après leurs
sympathies, el le service en souffrait d'autant. La Guillo-
tière, surtout, était l'ennemi de Gadagne et ne lui obéis-
sait qu'à regret. « On eût dit que, de cotte petite armée,
il s'en faisait deux, où, non seulement les personnes de
marque, mais jusqu'aux valets, s'enrôlaient à l'envi, les
uns pour le duc, les autres pour le comte de Gada-
gne. » (1)
Le Gouvernement, instruit de cette mésintelligence,
ordonna au duc de Beaufort de reprendre la mer, laissant
le commandement à Gadagne, avec ordre de fortifier la
position de Gigelli et de s'y établir d'une manière solide.
Pendant tout ce temps, les Turcs étaient parvenus devant
la place, qu'ils attaquaient vigoureusement, en concen-
(1) Pelisson, Histoire de Louis XIV.