Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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après avoir tué ou estropié dix-huit ou vingt soldats et
un sergent. De sorte que, n'ayant rien qui les occupât
au dehors, ils tournèrent leurs pièces sur le camp et sur
la muraille sèche de Normandie.

» Ce fut alors que la consternation de l'armée fut
extrême, se voyant sans redoutes, sans lignes, accablé
du canon dans le camp, quatre mille Turcs sur la hauteur,
qui s'étendaient par petits logements dans le bas et à
côté de la montagne, pour nous approcher et nous avoir
à revers, et tous les Maures s'assemblant par les feux qui
se faisaient sur les montagnes. Il y eut même environ
une centaine de Turcs qui vinrent se poster la nuit dans
les rochers, près d'une fontaine, laquelle était devant le
camp de Navarre et à la portée de pistolet de la redoute
avancée. M. de Gadagne crut qu'il fallait se servir de
cette occasion pour rassurer un peu les troupes, et, pour
cet effet, il détacha M. de Bruzac avec cinquante maîtres
pour les charger en queue et les couper, pendant que
cent cinquante fantassins se mettaient avec eux en les
prenant par la tête. Le dit sieur de Bruzac exécuta les
ordres avec vigueur ; car, ayant trouvé les ennemis qui
quittaient leur poste, il en tua vingt-cinq ou trente sur
la place; mais l'infanterie ne s'étant point mêlée, les Turcs
se rejetèrent dans les rochers, firent feu sur la cavalerie,
qui fut obligée de se retirer avec perte d'un cornette, d'un
maréchal des logis, de trois cavaliers et quelques autres
de blessés, entre autres M. de Lyonne,. qui y reçut deux
coups de mousquet, l'un dans le bras, l'autre dans le
corps, et eut son cheval tué sous lui.

i M. de Gadagne prit, dans cette extrémité, le parti
qu'il avaiLtoujours pris de se tenir à la tête du poste