Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

cre dans crt en ri roi I sûr, le raïs voulut reprendre la mer
pour se rendre à Alger; m;iis, en doublant le cap, un
vent contraire le jeta à la côle, où le fiêle navire fut
bientôt brisé en mille pièces. Madame de Boni k se noya;
sa fille et quatre domestiques échappèrent heureusement
au naufrage, et, aussitôt arrivés à terre, furent dépouillés
de leurs vêtements par les Kabiles du littoral, entre les
mains desquels ils tombèrent.

« Ce fut en ce pitoyable état, dit la relation, qu'ils
furent conduits d'abord jusqu'aux cabanes de la première
montagne; on les pressait de marcher à force de coups
par des chemins âpres et raboteux, qui mirent leurs pieds
tout en sang ; surtout la fille de chambre était à plaindre,
qui, s'étant fait plusieurs plaies en passant sur les rochers,
était presque couverte de sang ; ils étaient avec cela char-
gés chacun d'un paquet de bardes mouillées, et portaient
tour à tour la demoiselle. Arrivés à demi-morts à la mon-
tagne, ils furent reçus parmi les huées des Maures et les
cris des enfants, et comme il y a beaucoup de chiens en
ce pays là, excités par le tumulte, ils y joignirent leurs
aboiements. L'un d'eux, d'un coup de gueule fit plu-
sieurs trous à la jambe du laquais, et un autre emporta
un morceau de la cuisse de la fille de chambre..... >

Arrivés à la bourgade kabile :

« On leur donna d'abord à chacun une méchante ca-
pote remplie de vermine, et, après tant de fatigues, on
leur donna pour toute nourriture un fort petit morceau
de pain de sarrazin, pétri sans levain et cuit sous la
cendre, avec un peu d'eau, et pour leur repos ils eurent
la plate terre.....

» Il y avait dans ce lieu environ cinquante habitants,